A une virée au siège du ministère de la Santé dans la capitale, une invitation à l'émission de Salim Saâdoune sur radio El Bahdja, une visite effectuée chez Mme Zohra sur radio Coran, des audiences accomplies auprès de H. Boulkout, directeur des affaires religieuses de la wilaya de Constantine, et S. Larkem, chef de service à Dar El Imam, moult correspondances envoyées à tout ce que compte la wilaya d'autorités et de sous-autorités et même une récente missive adressée au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, rien n'a été fait jusqu'à présent. Un père de famille de 43 ans, marié et 3 enfants en bas âge, chômeur de longue durée après avoir occupé les postes respectifs d'agent de caisse au niveau de la succursale constantinoise de la Banque centrale d'Algérie, chef de train à la SNTF, contrôleur des services d'hygiène de l'APC de la ville de Constantine, puis enquêteur au service des constructions illicites au sein du même organisme et, à la fin, garde communal dans une caserne sise à la périphérie sud du Vieux Rocher et « où il a failli être égorgé à maintes reprises par les hordes terroristes ». Habitant avec sa famille dans un gourbi mitoyen d'un cimetière de la banlieue sud-est, ils souffrent le martyre à cause de la maladie à la fois rare et incurable de la maîtresse de maison : un éléphantiasis, gonflement œdémateux anormalement refoulé vers toutes les articulations osseuses du corps, avec une pointe prononcée aux genoux, au bas-ventre et à la poitrine. Cette femme de 36 ans que nous avons vue en train de souffrir en silence, dans l'honneur et la dignité, chez elle dans l'exigu petit appartement qui leur tient de séjour et qui faisait de la peine à voir, est grandement et incontournablement menacée d'amputation à mi-hauteur des deux cuisses, si rien n'est fait pour endiguer le mal. Son mari, profondément désespéré, ne sait plus à quel saint se vouer pour sortir de « cette situation ». Il a frappé à toutes les portes, en vain. Seuls quelques commerçants, généreux bienfaiteurs, de par la prodigalité pécuniaire dont ils font preuve à son égard, lui permettent de vivoter un tant soit peu, lui et toute sa « misérable petite famille ».