La ville n'a jamais connu de crise de lait d'une telle ampleur ; celle-ci a été surtout accentuée par la grève de nombreux distributeurs agréés. La pénurie du lait en sachet est devenue pratiquement une particularité du mois sacré à Constantine. Dès le premier jour du Ramadhan, la crise s'est installée à travers toutes les cités de la ville où il était impossible de dénicher le moindre sachet de lait à partir de 10h. «C'est du jamais vu, cela fait des années que j'exerce en tant qu'épicier mais je n'ai pas connu un phénomène comme celui que nous sommes en train de connaître cette année», dira un commerçant au boulevard Belouizdad. Hier, les gens se sont levés tôt pour prendre place dans de longues files dans l'attente des camions des dépositaires de la laiterie Numidia, la seule qui assure la quasi-totalité de la production et la couverture de la wilaya, au moment où les unités privées peinent à satisfaire une demande de plus en plus importante. «Il est vrai que la consommation connaît des pics durant les premiers jours du Ramadhan, mais les unités en production oeuvrent pour écouler la quantité nécessaire estimée à plus de 250 000 litres par jour dont 216 000 sont assurées par l'unité Numidia», affirme une source de la direction du commerce. Toutefois, le problème qui a aggravé cette crise est la grève déclenchée par de nombreux distributeurs dont la plupart sont des particuliers ayant cessé de se fournir auprès des différentes usines de la wilaya pour revendiquer l'augmentation de leur marge bénéficiaire. En conséquence, plusieurs secteurs de la ville n'ont pas été desservis, notamment les cités situées dans les banlieues nord et est de Constantine. «Nous avons enregistré une grande tension au centre-ville où les gens se bousculaient sans merci pour avoir leur part alors que d'autres ont pris même de quoi se faire une réserve chez eux, en attendant la fin de la crise», a regretté un vendeur. En dépit des discours et des assurances de l'union des commerçants et celles de la direction du commerce, et malgré les mesures prises pour couvrir la demande durant le mois de Ramadhan, la crise du lait qui demeure récurrente en cette période de l'année, est devenue avec le temps la hantise des citoyens dont la majorité ne peut pas se permettre d'acheter du lait en poudre, inaccessible pour les familles à faible revenu.