Plusieurs régions vivent depuis quelques jours une grave pénurie de lait. L'Algérie est actuellement au bord d'une pénurie de lait qui ne dit toujours pas son nom. Une chose est sûre. Cette pénurie du lait en sachet n'est pas spécifique à une seule région. La crise se fait sentir, depuis plusieurs jours, à l'est, au centre et à l'ouest du pays. «Depuis quelques semaines, je ne trouve plus de sachet de lait dans les commerces du quartier.», se plaint Djamila, une quinquagénaire qui habite dans la banlieue est d'Alger. «Même quand il y en a, il faut pointer de bonne heure, voire avant l'arrivée du distributeur, pour pouvoir en acheter.», a-t-elle ajouté. Dans cette localité comme dans d'autres, le sachet de lait pasteurisé est parfois et même souvent introuvable. Joint hier par téléphone, le premier responsable de l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), Abdelhafid Djellouli, rassure: «Il s'agit de perturbations passagères.» Le circuit de la distribution continue, selon cet interlocuteur, de poser problème. «Cela nous échappe. Cette opération est du ressort des laiteries», avait-il précisé, il y a quelques jours. Cependant, une crise, que personne ne pourra désormais voiler, secoue bel et bien ce secteur. Une décision, toujours en débat au sein du Conseil interprofessionnel du lait, semble en être l'une des principales causes. Il s'agit de la réduction très polémiquée des quotas de poudre de lait pour les laiteries. Le «verdict» du Conseil tombera dans quelques semaines. C'est ce qu'a fait savoir le président de l'Office national interprofessionnel du lait (Onil). Vivement contestée par de nombreux transformateurs de lait, la baisse des quotas de poudre de lait n'arrangera guère les choses. Même si pour les autorités, cette «décision» vient tout bonnement, répondre à l'impératif d'encourager la production nationale de lait cru. Dimanche dernier, l'unité principale de production de lait à Tizi Ouzou, la laiterie de Draâ Ben Khedda, étaient à l'arrêt. A l'origine, le manque de poudre de lait a-t-on précisé. «Nous envoyons nos camions à Constantine et Annaba pour nous approvisionner auprès des dépositaires de la poudre de lait, hélas, ils reviennent vides», expliquait alors le responsable de la laiterie cité par un quotidien national. Le lait en sachet était, de ce fait, indisponible dans plusieurs commerces dans cette ville. Ce qui a irrité de nombreuses personnes. M.Djellouli a évoqué, quant à lui, des perturbations concernant l'approvisionnement. «Nous étions en contact permanent avec cette unité.». Actuellement, le problème de l'approvisionnement de poudre de lait est réglé, selon lui. «Les grandes laiteries tentent de faire une certaine pression sur l'Onil, pour que celui-ci n'applique pas la décision de la baisse des quotas de poudre de lait qui leur sont accordés.», avait déjà rappelé une source du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. «Il y a des laiteries qui destinent une part du quota qui leur est accordé pour produire des fromages et du yaourt... avec de la poudre subventionnée et destinée à la production du lait en sachet. Ce qui est illégal. Il n'y a qu'à voir la qualité du lait en sachet!», a-t-elle ajouté. Pour André Frossard, l'essayiste français, les estomacs sont, en général, plus affamés que les esprits, et ils supportent beaucoup moins gaillardement la pénurie. Le lait n'est pas un produit de luxe. Tout comme pour le pain, son manque sera directement ressenti par le simple citoyen. Ce dernier déjà malmené par la cherté de la vie, ne sera que frustré davantage. De ce fait, la crise du lait risque de bousculer un équilibre social déjà fragile.