- Comment est venue cette idée d'organiser la Médina pendant le Ramadhan ? Cela fait longtemps que la Radio nationale voulait organiser une activité durant le mois de Ramadhan. Par le passé, nous avions organisé l'Opération prévention routière et l'Année de l'environnement. Aussi, l'idée est-elle venue d'installer un village. Nous en avons discuté en avril-mai 2011. En juin, nous avons lancé la grille d'été de Radio El Bahdja avec un concert à Tipasa. Nous avons été surpris par la présence du public. La salle était archicomble. On s'est dit alors qu'on va organiser quelque chose de sympa en ajoutant à des concerts de musique des activités de loisir pour les enfants. Il était important qu'on puisse dans le même pôle créer des espaces librairie et galerie d'art. C'est une manière de vulgariser ces arts chez les familles, même si les librairies et les galeries d'art ont leur public. Donc, il y a la musique, les livres, le sport… D'où l'installation d'un village. Il fallait d'abord trouver le site qui peut accueillir ces activités et l'argent. La récupération du grand chapiteau nous a aidés (…) Plus tard, on peut y organiser des rencontres, des salons, des concerts. Petit à petit, on a fait du chemin et on a réussi à fédérer des gens autour du projet. Je cite l'exemple de Mme Dalila Nadjem, des éditions Dalimen, qui a monté une vraie librairie et qui organise des rencontres littéraires. Mme Guelimi, de Dar El Kenz de Chéraga, a installé une galerie d'art. Le plus important est que les gens ont adhéré tout de suite. Les artistes ont aussi accepté de participer au projet. C'est une aventure. Il est risqué pour un artiste de jouer sous un chapiteau de 5000 places. Même avec 1000 places remplies, cela fait vide. - La radio tente de se rapprocher de ses auditeurs avec ce genre d'opération Lors de la conférence des cadres de la radio, qui a été organisée en juin dernier à Khenchela, nous avons discuté de la nécessité d'aller vers l'auditeur. Il est vrai que la radio a toujours organisé des activités, mais là, ça devient vital. Aujourd'hui, en l'absence de sondage, on ne connaît pas notre auditoire. La radio ne sait pas ce qu'attend le public d'elle. Le fait d'installer quatre chapiteaux pour quatre chaînes ici, cela permet aux gens de venir discuter des émissions et dire ce qu'ils en pensent. Il y a donc un contact direct et cela offre la possibilité de savoir ce que les auditeurs aiment écouter. Djamel Benamara a été envahi dans le chapiteau-studio de la Chaîne III. Le public, qui connaît la voix de l'animateur de «Franchise de nuit», voulait le connaître physiquement. Donc, l'idée est là, sortir et aller à la rencontre des gens. C'est aussi une occasion de mieux savoir qui nous écoute et que veut-on écouter à la radio publique. Manière de joindre l'utile à l'agréable, puisque le public vient pour assister à des concerts et prendre part à des activités de loisirs. - Le concept la Médina sera-t-il reconduit l'année prochaine ? Je suis partagé par rapport à cette idée. C'est très compliqué à monter. Cela coûte de l'argent. Certains ont pensé que c'est une opération financière pour la radio. Ce n'est pas le cas. On n'a fait payer personne. La librairie, par exemple, bénéficie de 100 m2 sans rien payer. On lui a tout fourni. Idem pour le vendeur de glaces, la cafétéria, la galerie d'art. Ils ne payent ni pour le site, ni pour le chapiteau, ni pour les lumières. Tout ce qu'on leur demande, c'est de pratiquer les prix les plus bas pour que les gens, quand ils rentrent, puissent consommer de la même manière qu'ils le font dehors. C'est un site sécurisé où les enfants viennent jouer. La direction de la jeunesse et des sports (DJS) d'Alger a mis à notre disposition des activités sportives gratuites. Je donne juste une idée des prix : le trampoline, qui est à 250 DA à Riadh El Feth, est à 150 DA ici. Au centre commercial de Bab Ezzouar, la patinoire est à 250 DA, ici, elle est à 150 DA. On essaie donc d'offrir aux visiteurs des activités moins chères pour souligner que ce n'est pas une opération commerciale. Le sponsor-major, Nedjma, ne couvre pas toutes les dépenses. Le prix d'entrée est symbolique. L'accès est gratuit pour les enfants. Une famille avec deux adultes paye 1000 DA pour avoir droit à toutes les activités de loisirs et assister à un concert ( ) A la kheïma, il y a une vraie proximité avec les artistes. Hakim Salhi et Hamidou vont bientôt se produire sous cette kheïma. Réda Sika est déjà passé. - Et comment s'est fait le choix des artistes ? Nous avons contacté tout le monde. Après, c'est en fonction des disponibilités. N'oubliez pas que la musique algérienne représente 70% des programmes musicaux diffusés par la radio nationale. Nous avons voulu que tous les artistes qu'on diffuse à la radio se produisent sur scène et que leurs concerts soient retransmis. Nous pouvions faire venir des artistes étrangers, mais nous avons préféré choisir des artistes algériens et donner l'occasion aux jeunes groupes de se produire. En tout, il y a 48 concerts. C'est énorme en un mois. Nous avons essayé d'avoir des têtes d'affiche comme Khaled et Mami. Cela dit, avec le même budget consacré à Khaled, on peut faire venir huit artistes algériens. - Et que s'est-il passé avec le groupe Caméléon ? Caméléon a annulé à la dernière minute. Le groupe était programmé avec une date fixée et un budget de 130 000 DA la soirée. Les membres nous ont appelés et ont demandé une augmentation. Celle-ci a été accordée et malgré cela, ils ont annulé. On leur a donné 20 000 DA de plus. Ils ont dit qu'ils n'avaient pas le temps et qu'ils avaient «une balance» importante pour un concert avec Arts et Culture d'Alger. Je ne veux pas être parano et je me dis que vraiment, ils n'ont pas eu le temps pour ne pas penser à autre chose. - Autre chose : qu'en est-il du projet de Radio Jeunes ? C'est en chantier. Le siège installé dans celui de l'ex-Radio Mitidja (remplacée par Radio Blida, ndlr) à El Mouradia. Nous allons réaménager un studio pour l'agrandir. Plus tard, il y aura des lives. Radio Jeune, qui s'appellera Jeel FM, sera d'abord musicale. Nous allons appliquer ce qui a marché avant avec El Bahdja, une radio musicale avec des émissions thématiques destinées aux jeunes (emploi, formation, création d'entreprises, etc.). L'antenne sera ouverte aux jeunes. Nous allons essayer d'abord les sujets qui touchent les jeunes directement. Cela peut donner le désir de partir, le désir de se former et d'avoir un métier ou alors, simplement, le désir d'écouter la bonne musique. Nous souhaitons terminer les travaux des locaux à la mi-octobre. Dès la fin du chantier, nous lancerons Jeel FM. J'espère que cela se fera le 28 octobre 2011 avec l'anniversaire de la Radio. L'équipe est en phase d'installation. La nouvelle radio émettra en 24h sur la bande FM et sur les grandes ondes (GO) pour une couverture nationale.