Des jeunes errent dans les rues et s'exposent à tous les risques pour collecter de l'argent. Dans les rues, les mosquées, les gares et autres endroits publics, nous avons tous été interpellés souvent par la présence d'enfants, parfois très jeunes, qui mendient ou accompagnant un adulte qui, aussi, fait la manche. Mais cet été, un autre genre d'enfants mendiants vient de peupler le centre-ville de Bordj Bou Arréridj: ils mendient non pour acheter du pain mais pour un ticket d'accès à la piscine municipale. En effet, dès les premières heures de la journée, les abords de la piscine municipale sont pris d'assaut par des enfants âgés de 6 à 15 ans qui quémandent de l'argent pour se payer une trempette. «Il fait chaud. Je ne peux pas aller à la plage et je n'ai pas les 50 DA pour payer les 2 heures de piscine», dira Adel, un enfant de 10 ans qui habite le Village Sud. Et d'ajouter: «Pour surmonter ces obstacles liés aux manque de moyens financiers, tous les matins, je viens devant la piscine et je demande aux passants et aux automobilistes de m'aider. Mais ça ne marche pas toujours comme il faut car il y a beaucoup d'enfants comme moi.» Cette mendicité expose ces enfants à tous types de risques. Pour pouvoir réunir la somme exigée par le gérant de la piscine, les enfants sont prêts à tout faire, certains iront jusqu'au vol, tandis que d'autres, pour quelques pièces, se mettent à livrer des colis au contenu ignoré, donc douteux, pour le compte d'individus qu'ils ne connaissent même pas. Une question se pose: Que seront-ils capables de faire si, malgré tout, ils n'arrivent pas à collecter la somme requise ? D'autres, errent dans les rues et se regroupent en clans pour tout entreprendre afin de trouver de quoi se nourrir, car il s'agit de leur survie. Ils deviennent donc des délinquants, des drogués, des pickpockets ou même des agresseurs. Ce fléau ne laisse toutefois pas le reste de la population indifférent. «Au moment où ils demandent l'aumône, ils ressentent l'humiliation, l'indignation, le mécontentement et parfois même le désir de vengeance», indique un commerçant du coin. Lors de notre enquête, les enfants ont eu l'occasion de proposer des solutions pour combattre ce phénomène croissant. Pour certains, avoir l'accès gratuit est la meilleure solution. «C'est une piscine municipale, pourquoi on nous fait payer l'accès ?» se demande un bambin de 6 ans du quartier Lagraphe. D'autres proposent l'assistance par des associations qui peuvent bien leur assurer l'accès à cette piscine. Une troisième catégorie n'a, par contre, pas d'espoir. Pour elle, il n'existe aucune solution à ce malheur d'été.