Décor n Assises à même le sol devant les mosquées ou dans les principales avenues et artères de la ville, des femmes, enveloppées dans une djellaba ou un hidjab de fortune, un bébé blotti contre elles, tentent, à longueur de journée, d'apitoyer les jeûneurs. Le phénomène de la mendicité s'est amplifié durant ce ramadan à Médéa où certains endroits de la ville sont envahis de mendiants, mais aussi, d'«imposteurs» pour qui «faire la manche» peut s'avérer une affaire très lucrative durant ce mois de «piété, de tolérance et de mansuétude». Postées à l'entrée des banques ou des postes, des mendiantes accompagnées d'enfants, tendent la main aux passants, exhibant parfois une ordonnance ou répétant des «formules» apprises par cœur pour apitoyer les passants. Assises à même le sol, devant les mosquées ou dans les principales avenues et artères de la ville – généralement les plus fréquentées – des femmes, enveloppées dans une djellaba ou un hidjab de fortune, un bébé blotti contre elles, tentent à longueur de journée d'apitoyer les jeûneurs. L'entrée des mosquées et des banques, les bureaux de poste et les marchés de Médéa sont systématiquement quadrillés par une armée de mendiants qui profitent de ce mois pour tenter de gagner le maximum d'argent. La recette est simple, classique, en témoigne le récit de certains jeunes mendiants, puisqu'il suffit, selon eux, de «tendre la main pour apitoyer le fidèle, un métier à la portée de tous et qui, plus est, peut rapporter gros». Toujours selon ces mendiants, les subterfuges et les techniques de mendicité sont légion. «L'apprentissage de ce métier, affirment-ils, se fait en quelques heures et ce qui distingue un mendiant d'un autre, c'est sa capacité à apitoyer le plus de gens, et donc pouvoir réaliser des recettes conséquentes à la fin de la journée». La simulation d'une infirmité est une technique très en vogue dans ce milieu, efficace, d'ailleurs, par rapport à l'ensemble des autres techniques utilisées, en raison notamment de l'effet de l'infirmité sur le citoyen qui reste «très sensible et réagit, souvent, face à ce genre de détresse», ajoutent ces mendiants «occasionnels». Durant le ramadan, la mendicité organisée prend de l'ampleur, à cause des sommes d'argent importantes qui circulent pendant cette période. Les réseaux mis sur pied depuis quelques années sont réactivés à cette occasion. Agissant en groupes (ou en bandes), de jeunes mendiants, composés en majorité de fillettes âgées entre 10 et 13 ans, contrôlent chacun une zone qui lui a été préalablement affectée par le chef du groupe, lequel a fait «main basse» sur tout un secteur, le plus souvent les endroits à forte concentration de commerces et de magasins. Chaque fin de journée, les mendiantes se regroupent dans un endroit «secret» où leur part des gains amassés dans la journée, calculée sur la somme globale collectée, leur est distribuée. Les moins efficaces n'ont droit qu'à un maigre pécule ou sont carrément exclus du partage avec des réprimandes en plus. A Médéa, le nombre de familles défavorisées ou classées comme «nécessiteuses» est de trente mille, selon un recensement de la direction locale de l'action sociale.