Chaque enfant doit vivre son enfance à travers une mère, un gîte, s'épanouir dans la sécurité, grandir dans le respect et l'amour », tel est le principe fondamental qui anime le centre SOS Enfants de Draria qui œuvre, à travers les mères SOS, à reconstruire le tissu familial dont le maillage est si complexe que ténu. Réalisé en 1992 par SOS Kinderdorf International, le village SOS enfants de Draria est constitué de 19 unités, dont une dizaine de maisons familiales, qui accueillent quelque 120 enfants abandonnés. Leur âge varie entre 2 et 15 ans. « Il y a aussi la catégorie d'adolescents qui, depuis leur jeune âge, poursuivent leur insertion dans un cadre très souple », nous dit le représentant de SOS KDI en Algérie, Ruot Gérard Aïssa qui supervise l'ensemble des actions envers cette frange infantile et juvénile. « Notre mission, poursuit notre interlocuteur, est de donner famille aux enfants en difficulté tout en les aidant à construire leur propre avenir. » Nous effectuons une virée au sein du site qui s'étale sur trois hectares. Quelques chérubins gambadent à l'extérieur de leur chalet, arborant une mine joyeuse. D'autres s'affairent avec un spécialiste de l'agriculture à rendre arable un lopin de terre pour un usage potager, nous susurre Ruot Gérard Aïssa, qui tient à nous faire savoir que « le credo de l'ONG est loin de faire dans l'assistanat, mais plutôt de responsabiliser l'enfant et le pourvoir d'une autonomie pour devenir un membre actif de la société ». Nous faisons irruption dans un jardin d'enfants où les gosses du foyer se mêlent à d'autres bambins du voisinage dont les parents sont démunis. Le cadre se veut enchanteur. La propreté des lieux dans laquelle évoluent les enfants est de mise. Leurs parents biologiques, la plupart des enfants recueillis, ne les connaissent pas. Mais l'administration, l'équipe psychopédagogique et les mères SOS tentent de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Elles s'attellent à combler ce vide, laisse entendre en filigrane le directeur du centre, Abdelhamid Belhadji, et son équipe qui ne ménagent aucun effort pour rendre le sourire aux enfants. « Nous n'investissons pas pour recevoir, sinon pour répondre à un besoin, celui de rendre le sourire à ces tranches (...). C'est notre devoir de leur offrir les conditions pour grandir dans une atmosphère harmonieuse, à travers les mères SOS avec qui ils nouent des liens affectifs », renchérit-il. D'ailleurs, un hommage a été rendu aux mères SOS en 2005, rappelle-t-il à juste titre. Il s'agit du prix Femmes de l'année remis dans la catégorie Engagement social à toutes les mères SOS Kinderdorf par Mikhail Gorbatchev, président fondateur du World Award. En effet, la mère SOS doit connaître l'histoire familiale de chacun des enfants qui lui sont confiés. « Elle vit avec eux, gère le foyer, crée une relation étroite et leur apporte la sécurité, la chaleur, l'amour et la stabilité », nous dit le représentant de SOS Kinderdorf, précisant que « les critères de recrutement des mères SOS et le programme de formation en continu qu'elles suivent répondent à l'esprit de la convention des Nations unies pour les droits de l'enfant ». Pour SOS Village d'enfants de Draria, il y a dix mères SOS relayées par sept tantes. S'agissant du budget annuel, qui est alloué au centre d'enfants, Ruot Gérard Aïssa nous dira que « 45% des ressources financières nous proviennent des dons de particuliers, le reste des besoins exprimés est pris en charge par SOS Kinderdorf International », une ONG qui, faut-il rappeler, a été créée en 1949 à IMST, en Autriche par Hermann Gmeiner. Celle-ci est présente actuellement à travers 132 pays et territoires, dont 44 en Afrique. Son concept est que chaque enfant doit vivre son enfance à travers une mère, un gîte, s'épanouir dans la sécurité, grandir dans le respect et l'amour, nous explique M. Ruot. Enfin, il est à souligner les actions caritatives menées par le centre SOS Enfants de Draria envers la communauté démunie environnante et sa contribution dans les opérations de détresse comme ce fut le cas lors de la tragédie qui a frappé Boumerdès en 2003, où il n'a pas lésiné sur les moyens pour venir en aide aux enfants privés de famille, blessés physiquement et moralement. Quelle est la stratégie que compte déployer SOS Village enfants de Draria à moyen terme ? « Outre la réalisation d'autres maisons dans notre site, nous allons proposer avec le concours de l'Unicef de créer un espace mère-enfant pour 2006-2007 », nous dira en guise de conclusion le représentant de SOS KDI en Algérie, qui souhaite une collaboration plus conséquente et soutenue du ministère de la Solidarité.