Voilà cinq jours que les autorités ont promis de prendre en charge la situation, mais c'est toujours l'indifférence totale. Un climat de peur et de méfiance alimente les soirées à La Madrague (El Djamila, commune de Aïn Benian), après l'interdiction d'ouverture imposée par les riverains aux gérants de débits de boissons alcoolisées.Durant près d'une semaine, après le décès d'un jeune homme du quartier, aucun vendeur n'a osé ouvrir boutique de peur de voir son établissement et ses marchandises saccagés. Les promesses du wali délégué de Chéraga de remédier aux problèmes d'insécurité et de vente informelle de boissons n'ont pas été concrétisées sur le terrain. «Certes, quelques policiers circulent dans le quartier, mais c'est loin de constituer une assurance pour nous», affirme un vendeur de vins et liqueurs interrogé sur le sujet. «Nous sommes doublement victimes de cette situation. Nous payons les frais du développement de toute une activité dans l'informel et c'est nous qui sommes livrés à la vindicte populaire en cas de dépassement», déplore le même commerçant. Voilà cinq jours que les autorités ont promis de prendre en charge la situation, mais c'est toujours l'indifférence totale, explique notre interlocuteur : des jeunes du quartier sont sur le qui-vive, guettant le moindre geste des vendeurs. Des rassemblements ont lieu un peu partout. Dans ce quartier où des dizaines de «vins et liqueurs» existent depuis des décennies, les rideaux baissent dès 19h. «Nous manquons d'assurances, c'est pourquoi il ne faut pas s'aventurer», explique un autre vendeur. «Et qui réalise du chiffre d'affaires en profitant de la situation ?», s'interroge-t-il. Pas moins de six locaux servent de débits de boissons, fonctionnant dans l'illégalité totale, selon les riverains. Des locaux, des garages mais aussi des véhicules qui alimentent les demandeurs de boissons sillonnent ce quartier encore huppé il y a seulement quelques années. «Cela se passe au vu et au su de tous, de la police et des riverains qui se sont attaqués aux vendeurs réglo», accuse notre interlocuteur, qui rappelle qu'«au début de l'année, mon local a été saccagé durant les manifestations. Pourquoi diabolise-t-on une activité reconnue par l'Etat qui est lui-même producteur de boissons alcoolisées ?». Le retour à la normale ne sera pas pour demain, de l'avis des vendeurs interrogés. «Pourquoi l'Etat s'est-il déchargé de la protection des citoyens honnêtes et s'est-il rétracté devant les barons de l'informel ?», s'interroge-t-on également.