La question d'Albert Camus et son pays de naissance (l'Algérie) a déjà suscité une multitude de réflexions et un nombre incommensurable d'ouvrages, de toutes les contrées du monde. Aucun roman, et nous parlons ici de L'étranger n'a autant accaparé l'esprit des chercheurs en littérature et en diverses disciplines, chacun arrivant avec sa vérité. De son vivant, Albert Camus réfuta toutes les interprétations et se dit victime de l'incompréhension. Mais depuis son décès, dans un accident de voiture en janvier 1960, les interrogations se ravivèrent aussi bien sur l'homme que sur son œuvre. L'étranger continue d'être, depuis sa publication en 1942, l'obsession des chercheurs. Et s'il l'est, c'est parce qu'il garde encore à ce jour tout son mystère. En effet, si l'on s'est focalisé jusqu'à présent sur « l'Arabe », l'on a au contraire passé sous silence « La mère ». Pourtant, en occultant le procès du crime commis sur la plage, c'est bien la mère qui est l'objet de l'intérêt des juges, et c'est bien parce qu'il a été indifférent à la mort de sa mère, que le héros du roman prénommé Meursault, est condamné pour parricide au nom du peuple français. Cette condamnation des plus étranges (ou des plus absurdes) reste à ce jour un mystère. Et là où justement l'honnêteté intellectuelle de Christiane Chaullet-Achour fait défaut, c'est qu'elle s'approprie cette question de l'algérianité de Camus, alors que cette dernière a été soulevée et a été l'objet de la réflexion de notre thèse soutenue à l'université Panthéon-Assas (Paris 2) en juin 2000 (thèse sur Internet),et l'originalité se trouve justement dans le fait que c'est bien la première fois qu'une recherche de troisième cycle en sciences de l'information et de la communication soulève cette question de l'algérianité de Camus, par rapport au roman algérianiste, qui lui s'approprie d'office cette appartenance, la reniant aux Algériens de souche au nom de critères racistes et antisémites. Si Christiane Chaullet-Achour avait, par honnêteté intellectuelle, cité notre thèse en référence, ou du moins dans sa bibliographie, elle aurait permis d'éclairer le débat, et non pas s'approprier une question soulevée en premier par d'autres et qu'elle passe sous silence. Notre réflexion a pourtant été reconnue hautement académique par des scientifiques de renom, puisqu'elle a obtenu les félicitations à l'unanimité du jury. Loin de nous l'idée de nous mettre en avant, trop humble pour cela. Si tel avait été le cas, nous l'aurions fait bien avant, mais « ce qui revient à César est à César ». L'on se demande dès lors à quoi servent les recherches de 3e cycle si elles sont occultées par ceux-là mêmes qui les dirigent. Leïla Benammar Benmansour. Docteur en information et communication