Albert Camus est-il un écrivain incompris en Algérie et en France? Celui qui fut sommé de choisir entre la justice et sa mère et qui opta pour cette dernière, au moment de recevoir le prix Nobel de littérature en 1958 à Stockholm, est un immense écrivain qui aimait profondément l'Algérie mais qui croyait que la cohabitation entre les deux communautés était possible et nécessaire. Mais cela n'était pas suffisant. Il y avait trop d'injustices et d'inégalités, que Camus lui-même dénonçait avec talent et sincérité, notamment dans les reportages qu'il avait consacrés à la Kabylie dans les colonnes d'Alger Républicain. Il reste que lorsqu'on décortique son oeuvre sur le plan strictement littéraire, on ne peut que la trouver sublime et si proche de nous en tant qu'Algériens. L'Année de l'Algérie en France avait été une occasion de se pencher sur la vie et l'oeuvre d'Albert Camus pour la sortir des sentiers battus dans lesquels une critique pas toujours à la hauteur l'avait enfermée. Malheureusement, cet effort n'a pas été fait. Il y a donc tant de scories à nettoyer pour rendre à une oeuvre magistrale la place qu'elle mérite au sein de la littérature algérienne, à côté de Kateb, Mammeri, Dib, Feraoun, auxquels il était lié par une amitié sincère et profonde. Assassinat post-mortem. Le titre est terriblement fort. Un tel titre se justifie-t-il? M.L. Maougal:Albert Camus, assassinat post-mortem (1), le titre est certes provocateur, mais n'est pas terrible en soi. Il s'agit, hélas, d'une triste réalité. Camus est mort lors d'un accident de voiture en 1960. Depuis la Seconde Guerre mondiale, une fois son oeuvre bien formatée pour l'essentiel, il s'est trouvé souvent en confrontation plus ou moins directe avec des Algériens. Après les courageuses enquêtes sur les massacres de mai 1945, publiées dans Combat (mai), Camus avait conclu à la nécessité de remplacer la politique assimilationniste combattue par les milieux colonialistes, par une nouvelle politique pour une Algérie indépendante mais rattachée fédéralement à la France (2). Ses contradicteurs au sens noble du terme, jusqu'à sa mort, furent les écrivains algériens francophones. Ils le poussèrent à développer ses idées, profitant eux-mêmes de ses controverses pour développer les leurs avec sagacité et brio. Mais, une fois mort, ils ont respecté sa mémoire sans s'acharner contre lui. Quant aux politiques patriotes, s'ils l'ont contredit, ils le firent avec tact et subtilité, parfois même avec une grande discrétion. Toutefois, leurs épigones universitaires ne furent pas à la hauteur (3). Il ne s'agit point d'un ouvrage qui règle des comptes mais une tentative de corriger de graves dérives idéologiques et politiques dans la critique universitaire. Mais si on le prend pour un brûlot qui règle des comptes, que les médiocres se sentant visés se mouchent ! Vous dites dans la préface du livre que pour ce qui est de l'Année de l'Algérie en France, un auteur aura brillé par son absence, Albert Camus. Vous pensez qu'un tel oubli a été délibéré? Je persiste et je signe. Albert Camus a été la victime de l'Année de l'Algérie en France. Combien de colloques et combien de conférences lui ont été consacrés? L'heure est encore au bilan. Un bilan serein, honnête, vaut mieux que n'importe quelle supputation. Il y a d'abord, côté algérien, un manque de courage ou peut-être une culpabilité d'avoir à rappeler certaines infamies, à moins qu'il ne s'agisse en fait d'une accablante stérilité d'intellectuels encrassés dans leur statut de rentiers en échec depuis plus d'un tiers de siècle, aujourd'hui incapables d'affronter une littérature et une philosophie aussi élaborées que celles de Camus. Un collègue que je tiens en haute estime m'a bien proposé d'organiser un colloque à la Sorbonne en hommage à Camus. Nous avions arrêté ensemble les grandes lignes. Puis il y a eu un silence radio. En second lieu, une stratégie d'évitement se révèle de plus en plus au grand jour. La France est en proie aux questionnements identitaires (les banlieues, le foulard, les communautarismes, etc.), ces questionnements mêmes que Camus avaient traités il y a un demi-siècle et avaient attiré l'attention des gouvernants de l'époque sur leurs effets pervers et destructeurs. La France, donc, avait depuis la guerre d'Algérie enterré définitivement Camus l'essayiste, le journaliste et a imposé alors au monde l'image d'un philosophe angoissé et angoissant, un prix Nobel neutralisé par l'absurde et par la pensée de midi. Hier, en prise avec le voile qu'elle avait manipulé dans les années cinquante, la voilà aujourd'hui en guerre contre le foulard autrement plus dangereux pour ses institutions jacobines et pour sa philosophie politique accrochée désespérément à une laïcité alibi. Camus dérange post-mortem, tout comme Diderot, d'Holbach, De Sade. A Alger on l'assassine. A Paris on le camisole. Et à Jérusalem, on le strangule. Vous avez pris l'habitude de publier des livres qui sont le fruit d'un travail collectif. Ici, il s'agit d'un travail fait avec Aïcha Kassoul, Malika Kebbas et Thanina Maougal. Que représente pour vous cette expérience collective? Il y a un travail que je fais seul et il y en a un autre que je fais en groupe. Le second me permet d'aider à l'émergence de nouveaux talents puisque je peux le faire. C'est un don de soi à autrui et ce don est dans la pure tradition d'une université qui se respecte, celle-là qui m'a formé dans les années soixante, cette respectable université des premiers recteurs, André Mandouze et de Bensalem qui se dressaient pour protéger les franchises universitaires contre les intrusions extérieures et notamment contre les commandos fascistes envoyés pour casser les étudiants et menacer les enseignants. Je continue la tradition de ceux qui m'ont généreusement formé et d'abord mon grand-père qui fut un imam enseignant et de mon père aussi, un cadi enseignant. J'ai toujours eu une haute idée de l'enseignement. C'est un métier noble par essence, sauf actuellement dans notre pays où il est, hélas, de plus en plus exercé par des affairistes, des trabendistes et par des escrocs médiocres (hacha li mayastahlouch). Le véritable travail collectif permet de sortir de sa coquille et d'échapper au syndrome de l'enfermement du chercheur mandarin comme il impose la confrontation et l'enrichissement réciproque. Il est à distinguer du travail chaotique de prétendues équipes de recherches qui ne se constituent de plus en plus que pour les conventions, pour les financements, pour les avantages pour «gagne-petit» et dont on mesure l'indigence au résultat final, si publication il y a. Ayant été appelé à expertiser des projets il y a quelques années, j'ai été édifié autant par la médiocrité que par la gabegie. Est-ce que l'université vous manque après avoir été détaché à un poste supérieur? Depuis que j'ai quitté l'université en mars 2001 pour un détachement que je n'ai jamais sollicité (mais qui me fut proposé pour servir la patrie et la société algérienne en proie à un problème sur lequel je travaille depuis vingt ans: la question identitaire), j'ai pu publier à ce jour cinq ouvrages et mis trois en chantier avancé, grâce en grande partie au travail collectif. J'ai participé à une dizaine de colloques et de symposiums internationaux, écrit une dizaine d'études, donné une vingtaine de conférences aussi bien nationales qu'internationales sans compter les émissions télévisées et ou radiophoniques. J'ai, en fait, trouvé mon rythme de croisière loin des faux problèmes de médiocrité. Vous comprendrez aisément que ce n'est pas l'institution en soi qui me manque. Mais en toute honnêteté, je dois dire que c'est grâce à cette fonction d'enseignant que j'ai pu jusqu'alors me réaliser et que j'ai pu produire du sens et du savoir que je rends à la cité scientifique. Donc, l'université ne me manque pas du tout. Le pire qui puisse arriver à une institution éducative, c'est de devenir un bastion de médiocrité. A ce jour, soit quatre mois après la fin de mon détachement en novembre 2004, je suis empêché illégalement et arbitrairement de signer mon procès-verbal de reprise de mes activités professionnelles. J'en appelle publiquement à mon syndicat pour me faire recouvrer mes droits d'enseignant, d'encadreur, de formateur et de chercheur, des droits de fonctionnaire de l'Etat et de la nation. Je ne suis pas un simple employé de bureau de tabac ou un intérimaire marchand de tissus. Pour avoir dénoncé publiquement lors d'une soutenance de magistère des dérives d'escroqueries au magistère et des complaisances sur des mémoires «bidons» (avec preuves à l'appui), ce qui est un devoir de déontologie qui devrait être rappelé à chaque soutenance de magistère ou de doctorat comme cela se fait dans de grandes universités étrangères, j'ai été suspendu illégalement d'encadrement à seule fin réelle que mes post-graduants (9 sur 12) soient détournés par des rentiers en échec depuis des années et qui s'emparent de mon travail, capitalisent à leur profit mes efforts et intimident mes étudiants à coups de chantage aux soutenances et aux inscriptions ou à coups de corruption aux bourses et aux stages à l'étranger et ce, dans le seul but d'étoffer de médiocres et maigres dossiers de promotion. Telle est la véritable situation de dérive grave que notre université connaît aujourd'hui. J'ai des documents qui établissent les responsabilités des uns et des autres dans des dérives graves de toutes sortes et jusqu'aux innommables. Revenons à Albert Camus : voilà un monument littéraire, prix Nobel de littérature, dont l'oeuvre est quelque peu occultée par les universitaires des deux rives de la Méditerranée. Continue-t-il de déranger plus de quarante ans après sa mort. Les réponses à la première et à la seconde questions peuvent servir à celle-ci aussi. Je voudrais juste ajouter une précision. Camus dérange les politiques des deux rives. C'est un fait. Il dérange encore les médiocres qui l'ont assassiné. C'est un autre fait, mais il ne dérange pas ceux qui l'ont bien étudié et compris et qui, comme Roger Grenier des éditions Gallimard, en parlent sans complexe. Il vient de m'envoyer un mot gentil et sympathique pour féliciter l'équipe qui a réalisé ce dernier ouvrage qui déjà soulève des polémiques et des diatribes. C'est dire si Camus dérange encore et toujours. Camus s'est essayé à plusieurs genres: essais, romans, nouvelles, théâtre. Pourquoi un tel éclectisme? Camus n'est pas éclectique. Au contraire. Son oeuvre est judicieusement construite. Il y a des territorialités choisies, comme le théâtre et la nouvelle. Cependant que le roman et l'essai lui étaient nécessaires pour élaborer sa philosophie car il est philosophe de formation. Enfin il y a des territorialités qui se sont imposées à lui, l'essai et le journalisme. Ce sont là les trois constellations discursives qui constituent son oeuvre (4). Il a commencé, dans les années 30, par élaborer une utopie (l'augustinisme) pour poser les jalons d'une résolution intelligente de la question coloniale. Cette utopie était adossée à une politique qui ne pouvait se réaliser dans un système colonial: l'assimilation. Ensuite, il a mis en chantier un projet de déconstruction de l'historicisme au profit d'une culture de mythologie afin de fonder une morale syncrétique interculturelle. Enfin il a abouti, par un judicieux et généreux ajustement à une réalité cruelle, à une éthique politique et à une stratégie prématurée appelant à la décolonisation avec l'émergence d'un grand ensemble fédéral sur le modèle helvétique car il se méfiait du modèle américain, et à juste titre. En pistant les oeuvres, une à une, avec de la rigueur on pourrait arriver à rétablir le puzzle camusien et donner à l'oeuvre sa cohérence générale, un peu sur les traces des travaux de Roger Quilliot (Les essais, La Pléiade en 1972) et de Roger Grenier (A. Camus, ombre et soleil, Folio, 1988). Quelle place l'Algérie (géographie, histoire, société) occupe-t-elle dans cette oeuvre? Toute l'oeuvre camusienne est fondamentalement algérienne, même quand il écrit sur l'absurde et surtout sur la révolte (sans commentaires). Il est réellement le premier auteur national et le premier Nobel algérien. Le mémoire de DES du jeune Camus avait porté sur Saint Augustin. D'où vient l'intérêt qu'il portait à Saint Augustin? La réponse à la 6e question peut servir en partie à celle-ci aussi. Plus précisément on peut ajouter de manière succincte que pour Camus, Saint Augustin fut ce Numide, originaire de la terre algérienne, qui avait réussi mieux et plus que quiconque à marier et à conjuguer la passion (la religion) avec la raison (la pensée et la philosophie humaniste). L'intelligence et la tolérance qui habitent l'oeuvre de Camus lui ont permis de concevoir son projet au rang d'une utopie politique pour construire une égalité (il ne croit ni à la liberté ni à la fraternité) réelle entre des communautés vivant sur un même territoire, deux segments longtemps tenus pour fondamentalement antagoniques (passion/raison ou religion/philosophie). Je vais, ici et maintenant, oser une hypothèse de travail que j'ouvre pour la première fois. Quand Camus préparait son D.E.S de philosophie à l'université d'Alger, Léon Gauthier venait de publier une traduction annotée avec, hélas, de grosses erreurs d'interprétation et de traduction d'une oeuvre célèbre d'Ibn Rochd sur un thème similaire. Il s'agit du «Fasl El Maqal» («traité décisif»). Un tel thème de tolérance né dans une civilisation éradiquée par l'intolérance et par les superstitions n'a pas pu échapper au jeune pied-noir nourri de générosité, d'humanisme et de rationalité. Il insistera longtemps sur les lumières arabo-musulmanes dont l'Occident avait eu et avait encore besoin au moment où il (Camus) rédigeait ses essais. Je n'en dirai pas plus sauf pour notre prochain rendez-vous pour la présentation du prochain livre sur Camus (c'est un scoop) qui est déjà en chantier avancé. J'ai la chance de travailler avec des intellectuelles intelligentes et des universitaires généreuses auxquelles je rends un vibrant hommage comme je leur exprime ici et publiquement toute ma gratitude et ma reconnaissance. Il y a l'absurde. Est-ce vraiment le seul mode qui convient pour rendre compte du déchirement de Camus, écartelé entre deux cultures, deux pays? Non, Camus ne fut jamais déchiré par l'absurde qui, pour lui, est du domaine de la pure spéculation intellectuelle et du laborieux travail de création. Il faut rompre avec l'image d'un Camus à l'esprit chagrin. C'était un homme de passion et d'optimisme. Son traité sur l'absurde se termine sur cette aporie combien significative: «Il faut imaginer Sisyphe heureux.» (5). Camus avait de quoi être heureux. Comblé, il le fut par une juste et honorable reconnaissance universelle et par la bonne conscience d'une moralité irréprochable et d'une générosité qui ne s'est jamais démentie: unir les hommes malgré leurs différences et les aider à se comprendre et à s'aimer ou simplement à coexister dans le respect mutuel et l'esprit d'égalité. Que peut apporter Camus à un public algérien aujourd'hui? Merci de rappeler par cette question un fait qui appelle une mise au point. Camus a été renié par l'Algérie après avoir servi d'alibi et de justificatif à un jdanovisme outrancier dans les premières années de notre indépendance. Notre sensibilité était encore à fleur de peau. Puis vint l'année algérienne en France. Camus fut sorti pour la circonstance de l'oubli dans lequel il avait été confiné. Comme l'Année de l'Algérie fut pensée d'un commun accord par les politiques aussi bien algériens que français, c'est donc aux politiques qu'est revenu le privilège de configurer ces retrouvailles et de leur imprimer et l'esprit et la lettre. Tout alla bien au niveau du projet. Voilà que de vieux démons se réveillèrent plus féroces que les ancêtres. Deux ouvrages ont ouvert et fermé l'année algérienne avec entre-temps un forcing particulièrement significatif. Deux thèses complémentaires devaient instrumenter l'oeuvre camusienne pour imprimer une certaine manière de lire et de redécouvrir Camus in situ et in vivo. Je serai bref cette fois-ci, mais il faut savoir qu'il y matière à dire et à redire (pour d'autres occasions). La première des deux thèses majeures, ourdie à la veille de l'Année de l'Algérie, en septembre 2002, ce fut celle d'un Camus antiterroriste (A. Camus: Réflexions sur le terrorisme, chez Nicolas Philippe) à partir des écrits journalistiques dans L'Express qui avaient été mis sous le boisseau des décennies durant. Cette thèse antiterroriste intervient dans une conjoncture à double tension. Alors que le terrorisme islamiste en Algérie était en voie d'extinction, laissant la part belle sur le plan médiatique international à la seconde intifadha palestinienne contre la politique raciste et ségrégationniste de l'apartheid israélien, un ouvrage accusateur est publié en septembre 2002 à la veille du lancement de l'Année de l'Algérie en France dans un climat de tension et de menaces sur cette année, ouvrage orchestré par des milieux hostiles à l'Algérie (milieux fascistes et sionistes). Cet ouvrage se veut un rappel de Camus condamnant le terrorisme arabe. C'est en fait une pâle tentative de réponse à l'ouvrage d'Edward Saïd, Culture et impérialisme (publié chez Fayard en version française en mars 2001) où l'auteur démonte les thèses camusiennes, forçant le trait sans doute intentionnellement en donnant à lire un Camus colonialiste aux Américains conditionnés par la propagande des lobbies sionistes anti-arabes. Le second ouvrage, apparemment académique sera publié à Alger en 2004 chez un jeune éditeur, Barzakh. C'est une thèse sur «la cohabitation». Toute l'année 2004, colloques et conférences sur Camus dans certaines universités et dans certaines grandes bibliothèques françaises suggérèrent à qui voulait bien l'entendre que la jeune littérature algérienne (francophone et arabophone, voire traduite) révèlerait des influences avérées du style et de la composition propres à Camus. Mais si influence il y a de la littérature de Camus sur l'Algérie d'aujourd'hui, elle ne saurait être décelée que dans ces vagues de suicides des jeunes désespérés qui ont appris à leurs dépens que dans leur vie devenue intenable il n'y a qu'un problème sérieux, comme le soulignait Camus autrefois en pleine crise algérienne, et c'est celui du suicide (6). Quelles étaient les relations entre A. Camus et les intellectuels algériens? A cette question répond précisément tout l'ouvrage puisqu'il traite des échanges directs ou indirects entre Albert Camus et quatre écrivains algériens, en l'occurrence et par ordre d'entrée en controverse : Kateb Yacine (1947/1959) suivi par Mouloud Mammeri (1956/1959), Frantz Fanon (1956-1959) et enfin Dib Mohamed (1954/2000). Nous n'avons pas voulu traiter du cas de Sénac, car je savais que mon ami, Hamid Nacer Khodja, qui voulait préparer une thèse sur Camus et Senac sous ma direction, mais qui a été empêché par des planqués envieux et médiocres qui continuent à détourner tout étudiant venant prendre contact avec moi à l'université, était en train de préparer un livre, qui vient enfin de sortir et sur lequel je me prononcerai en tant que lecteur, évidemment. Le second cas évité est celui plus problématique de Mouloud Feraoun auquel nous avons, Aïcha Kassoul et moi consacré une étude en un chapitre dans un ouvrage que nous avons publié aux USA sur Camus et le destin algérien. Pour un livre algérien destiné à un public algérien nous attendons que la famille de Feraoun rende publiques les lettres envoyées par Camus à Mouloud Feraoun pour les mettre en perspective avec les lettres de Feraoun à Camus et qui, elles, ont été publiées. Un troisième cas, fort intéressant, est celui de l'intertexte fort et tendu entre une oeuvre de Malek Haddad et une oeuvre camusienne que nous révèlerons en temps utile. Toujours est-il, l'échange même indirect entre Camus et les écrivains algériens aura été courtois autant que ferme et en tout cas fort fructueux et aura bénéficié à l'un comme aux autres. C'est un dialogue de haute volée et de culture et de gens civilisés qui discutent à hauteur d'hommes qui se respectent et certainement s'estiment. 1. CamusA. (2005) Assassinat post-mortem, ouvrage collectif sous la direction de M.L.Maougal avec les coauteurs Aïcha Kassoul, Malika Kebbas et Thanina Maougal éditions APIC , Alger 2. CamusA (1945) Crise en Algérie, Combat mai 1945, in Essais La Pléiade, Paris, 1972, pages 941-959 3. Revue de l'ILE, spécial Camus, Alger 1990 (voir étude critique dans assassinat post-mortem) 4. Grenier R. (1988) A. Camus, ombre et soleil, Gallimard-Folio 5. Camus A (1942) Le mythe de Sisyphe, in Essais, La Pléiade, op. cit. p. 198 6. Ibidem, L'homme révolté.