Depuis l'éclatement de la révolution tunisienne et du conflit armé en Libye, pas moins de 24 769 migrants clandestins ont débarqué sur l'île de Lampedusa (Italie) à partir des côtes tunisiennes, 23 267 autres à partir de celles libyennes, font ressortir les dernières statistiques officielles arrêtées au 31 juillet 2011. Maintenant que les deux pays sont débarrassés des dictatures, l'heure est désormais aux expulsions car pour la majorité de ces milliers de migrants, il sera de plus en plus difficile d'obtenir le statut de réfugié politique pour lequel ils ont postulé au lendemain de leur arrivée en Europe. Pour les migrants tunisiens, la France n'a pas tardé à passer à l'acte : entre début mars et juin derniers, environ 3600 personnes ont été reconduites vers la Tunisie ou renvoyées vers l'Italie, pays par lequel elles ont transité avant de débarquer dans l'Hexagone. Aussi, l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII), vient tout récemment de se «débarrasser», dans le cadre du retour volontaire, de plus de 800 migrants tunisiens en contrepartie d'aides de l'ordre de 300 euros/personne. C'est justement pour tenter de trouver les mécanismes à même de lutter contre cette logique répressive menée par les Etats européens avec la complicité des Etats africains ainsi que la mise en place, de plus en plus accentuée, de dispositifs d'enfermement que le Réseau manifeste euro-africain sur les migrations, les droits fondamentaux et la liberté de circulation appelle à une mobilisation citoyenne à partir du Sénégal. Dakar, est, à ce titre, la capitale où le Réseau, au slogan «Des ponts, pas des murs», compte organiser, le 21 novembre prochain, la troisième édition de la Conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement, faisant suite à celles de Rabat (2006) et Paris (2008). Sous couvert d'une «approche globale» et sans aucune consultation de la société civile, ces conférences, initiées par les Etats du Nord avec les gouvernements des pays du Sud, ont comme objectif d'utiliser l'aide publique au développement et les accords de coopération comme un moyen de chantage et de pression diplomatique pour obtenir la collaboration des pays d'origine et de transit dans le contrôle en amont des flux migratoires, s'indigne le réseau non gouvernemental manifeste.