La réunion, de jeudi dernier, du conseil d'orientation de la Fondation Casbah s'est terminée en pointillés. La rencontre a été rehaussée par la présence remarquée du ministre de l'Environnement, Chérif Rahmani, et de Me Ali Haroun. L'ordre du jour n'ayant pu être épuisée non pour insuffisance de quorum, mais en raison d'une « certaine lassitude de ces membres », fera remarqué un présent. Ainsi, le projet de document de réflexion ne leur sera pas soumis. Celui-ci s'étale sur les difficultés causées « par le patrimoine immobilier relevant de propriétaires privés qui représente plus de 80% contre 15 à 10% de la compétence des services publics et des collectivités locales ». Le financement des opérations d'intervention et de mise en valeur des biens culturels, prévu par la loi n°98-04 du 15 juin 1998, « n'a pu se faire », constate-t-on. Raisons : les occupants n'ont pas les moyens financiers d'honorer leur quote-part « arrêtée unilatéralement » par les pouvoirs publics, l'indivision des biens, l'occupation illégale de bâtisses appelées à être détruites ainsi que la transformation des douirate en placettes. Au chapitre des propositions, la fondation souhaite la création d'un office à caractère public pour la sauvegarde de la citadelle. « L'APW d'Alger a débloqué, en 2000, une enveloppe financière de 43 milliards de centimes pour des travaux de restauration, dont on ne connaît pas la destination. Nous allons demander une enquête sur ces fonds et sur les 2000 logements détournés », lâche Ali Mebtouche, président de la Fondation qui s'en est pris, à l'occasion, à l'ancien wali d'Alger, M. Nourani en l'occurrence. « Le wali a bloqué tout le travail entrepris au temps du Gouvernorat. Preuve en est, pas moins de 300 maisons ont été perdues depuis 1998, année du lancement de l'opération de relogement », tonne-t-il. Ensuite, il dira : « Le plan de sauvetage fait toujours parler de lui sans qu'on en voit la teneur. La tutelle prévoit d'ailleurs de le reprendre et de le revoir encore une fois. » De plus, Babaci a donné lecture du document retraçant le travail de « la délégation de la sauvegarde et la réhabilitation » de la vieille médina, en partenariat avec l'Unesco. Il reviendra sur les propositions qui ont été faites comme l'îlotage de La Casbah et les modalités de financement des propriétaires relogés. « Les bailleurs de fonds pouvant donner du leur ont rechigné pour des raisons bureaucratiques », s'insurge-t-il. Par ailleurs, une cassette vidéo, dont une copie sera remise aux autorités, a été projetée. Elle montre des maisons éventrées et des détritus jonchant les ruelles encombrées de La Casbah. Un membre a proposé de constituer une commission qui prendra langue avec les élus de la capitale « afin de les sensibiliser sur ce joyau en déperdition », atteste-t-il.