Jean-Pierre Chevènement, président de l'association France-Algérie, a décidé de se porter candidat à la présidentielle de mai 2012. Le sénateur de Belfort, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen et président de la Fondation Res Publica l'a annoncé samedi dernier. Lors de son dernier voyage en Algérie, en juin, il avait insisté sur l'objectif de contribuer au renforcement de l'amitié entre l'Algérie et la France dans tous les domaines. Il avait annoncé qu'un colloque «Algérie-France au XXIe siècle» serait organisé en fin d'année au titre de la célébration des 50 ans de relations communes. Alors que la crise est à la une de l'actualité européenne et mondiale, il a axé son début de campagne à contre-courant de l'opinion distillée par les media en affirmant, à propos de l'euro, que «le vice est dans la monnaie unique, car elle a juxtaposé 17 pays très différents par leurs structures économiques, leur langue, leur culture, leurs options politiques. Les écarts se sont creusés…». «En 2002, j'avais proposé de redresser l'Europe, de la réindustrialiser, de fixer des repères clairs dans la vie politique française en matière de sécurité, d'école, d'intégration. J'avais mis en garde contre l'omnipotence des marchés. On voit où nous en sommes. Peut-être que si on m'avait écouté, nous n'en serions pas là.» Il estime qu'il faut «faire bouger les lignes» (…) pour mettre la gauche et la France à la hauteur des défis. Nous sommes dans l'œil du cyclone.» Dans le programme qu'il souhaite populariser, il veut «mettre d'aplomb la République», ajoutant ne pas penser «qu'on puisse faire confiance à ceux qui nous ont fourvoyés pour nous sortir de l'ornière». (…) «Il n'est pas déshonorant de rectifier une erreur, encore faut-il la reconnaître. Or, ceux qui ont commis ces erreurs ne veulent pas faire amende honorable. Ils persistent, ils s'entêtent. On les voit courir d'une crise à l'autre : de la Grèce à l'Italie, puis l'Espagne. Ce n'est pas ce qu'il faut faire. Nous avons besoin d'une vue cohérente, d'hommes d'Etat qui soient à la hauteur des périls qui nous menacent.» «Je veux marquer des repères : il faut une monnaie moins chère, il faut de la croissance, il faut préserver la souveraineté de la France et construire une Europe confédérale avec les Nations.» Avec le socialiste François Hollande, l'écologiste Eva Joly, le trublion du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon, l'arrivée de Jean-Pierre Chevènement commence à embouteiller l'accès de la gauche à la magistrature suprême, même si elle apportera de l'air au débat public qui en a bien besoin.