72 heures après que 27 harraga, dont une mère et son fils de 5 ans, aient été interceptés par les gardes-côtes (GTGC) de Annaba, 59 autres migrants clandestins ont été arrêtés hier. 86 candidats à l'émigration clandestine, en majorité originaires de Annaba et d'El Tarf, ont été ainsi interceptés en de trois jours. A peine 72 heures après que 27 harraga, dont une mère et son fils de 5 ans, aient été interceptés par les éléments du Groupement territorial des garde-côtes (GTGC) de la façade maritime est de Annaba, 59 autres migrants clandestins, entassés dans deux embarcations artisanales, ont été arrêtés hier. Soit un décompte de 86 candidats à l'émigration clandestine, en majorité de Annaba et El Tarf, en moins de trois jours. Ayant appareillé à minuit à partir de la plage d'El Chatt (El Tarf), les deux embarcations artisanales avaient à leur bord deux mineurs de 17 ans parmi les harraga. Naviguant à 18,6 miles marins au nord de Ras El Hamra (Annaba) à destination des côtes européennes, elles ont été interceptées par des unités navales de la Marine nationale, dont la mission est la surveillance des frontières maritimes du pays. Agés de 17 à 35 ans, les clandestins ont été ramenés au port de Annaba. Après une visite médicale, ils ont été soumis à une opération de contrôle d'identité pour des besoins sécuritaires. Dans l'après-midi, ils ont été présentés devant le procureur près le tribunal de Annaba pour répondre de leur acte : «tentative d'émigration clandestine». Le premier groupe a été condamné avant-hier à une amende de 20 000 DA chacun. Quant aux mineurs, ils ont été orientés par le procureur de la République vers le juge des mineurs pour statuer sur leur cas. De l'autre côté de la Méditerranée, sur la rive italienne, 14 migrants clandestins ont été secourus dans la nuit de jeudi à vendredi par des soldats de la Guardia di Finanza près de la côte sud-ouest de la Sardaigne, rapporte la presse italienne. Leur embarcation a été aperçue à 10 miles du cap Teulada. Ils ont été pris en charge par la Croix-Rouge et ont passé la nuit dans le centre de première réception d'Elmas. Ainsi, depuis quelques jours, les bonnes conditions climatiques ont favorisé la reprise de l'activité des trafiquants d'êtres humains à l'extrême est du pays. En septembre dernier, la découverte de quatre cadavres de harraga – deux à Béjaïa dans une embarcation à la dérive et deux autres à Jijel – a permis l'identification du passeur. Dénoncé par les familles des harraga, il a été arrêté par les éléments de la sûreté de daïra d'El Bouni. Le procureur près le tribunal d'El Hadjar, devant lequel a été présenté le mis en cause, l'a accusé officiellement de trafic d'êtres humains et a décidé de le remettre à la police pour complément d'enquête. Cette décision est motivée par les aveux de l'accusé, qui a dénoncé les membres de son réseau, spécialisé depuis plusieurs années dans le trafic d'êtres humains dans la région de Annaba. L'accusé, G. Brahim, 40 ans, est agent de sécurité dans une entreprise nationale. Résident à la cité Bouzaâroura (El Bouni), il a avoué avoir organisé, durant le mois de Ramadhan, par le biais de son réseau, cette expédition mortelle en contrepartie de 70 000 DA/personne. Ils étaient 18 jeunes à avoir payé cette somme pour prendre place dans son embarcation, retrouvée à la dérive sur le littoral de Béjaïa avec à bord deux corps en décomposition avancée. Exploitant les répertoires de téléphones portables enfouis dans les effets personnels des victimes, les enquêteurs ont identifié les corps et informé leurs familles, originaires de Chetaïbi et Sidi Amar (Annaba). Quarante-huit heures après, deux autres cadavres appartenant au même groupe ont été repêchés à Jijel. Identifiés également, les jeunes victimes étaient originaires de la commune d'El Hadjar (Annaba). Quatorze autres corps n'ont pas encore été retrouvés et jusqu'à aujourd'hui, aucune information n'a filtré sur leur sort. Depuis le début de l'année en cours, 1931 candidats à l'émigration clandestine, toutes nationalités confondues, ont trouvé la mort le long des frontières maritimes de l'Europe, selon un décompte officiel. En dépit de l'entrée en vigueur, le 8 mars 2009, de la criminalisation de l'acte d'émigration clandestine, les jeunes Algériens continuent à braver le risque de la mer pour fuir leur pays.