Moins de 24 heures après l'arrestation de Seïf El Islam El Gueddafi, les éléments du Conseil national de transition (CNT) viennent de réussir un autre gros coup de filet en capturant l'ancien chef des services de renseignement libyens, Abdallah Senoussi. Recherché par la Cour pénale internationale (CPI), il a été arrêté hier dans le Sud libyen. L'annonce a été faite par des responsables libyens. «Abdallah Senoussi a été arrêté dans la région d'El Guira, dans le sud du pays», a déclaré à la presse, à Tripoli, un haut responsable du CNT sous couvert de l'anonymat. A Benghazi, Béchir Al Oueidat, chef du conseil militaire de Wadi Chati, dont dépend El Guira, a précisé que Abdallah Senoussi avait été arrêté par des brigades d'anciens combattants rebelles du Sud libyen. «Nous avions des doutes sur la présence de Abdallah Senoussi dans la région. Il a été arrêté dans la maison de sa sœur à El Guira et il n'a opposé aucune résistance», a-t-il ajouté. Béchir Al Oueidat a expliqué, en outre, que l'ancien chef de renseignement n'avait que quelques armes personnelles sur lui. «Il va être remis aux autorités compétentes» du CNT, a-t-il ajouté sans préciser dans quels délais. M. Oueidat se trouvait à Benghazi pour une réunion de l'armée sous l'égide du CNT, au cours de laquelle un officier est monté à la tribune pour annoncer l'arrestation de «ce terroriste, cet assassin, Abdallah Senoussi», sous les applaudissements des centaines d'officiers présents. «Nous remercions Dieu pour cette victoire», a déclaré le ministre de la Défense, Jalal Dgheili, présent à cette réunion. Comme Seïf El Islam El Gueddafi, M. Senoussi fait l'objet depuis le 27 juin d'un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes contre l'humanité. Il est soupçonné par la Justice internationale d'avoir joué un rôle «crucial» dans la mise en œuvre d'un plan conçu par Mouammar El Gueddafi et son fils Seïf El Islam, visant à réprimer le soulèvement populaire en Libye. La CPI accuse M. Senoussi, en tant qu'«auteur indirect», de crimes contre l'humanité, à savoir le meurtre et la persécution de centaines de civils commis par les forces de sécurité libyennes à Benghazi «du 15 février au moins jusqu'au 20 février». Il aurait, «après avoir reçu de Mouammar El Gueddafi l'ordre de mettre en œuvre le plan visant à décourager et à réprimer les manifestations de civils tenues à Benghazi contre le régime (...), directement ordonné aux troupes d'attaquer les civils qui manifestaient dans la ville», selon la CPI. «En vertu du contrôle qu'il exerçait sur le renseignement militaire, et bien que lui-même subordonné à Mouammar El Gueddafi, Abdallah Senoussi était en même temps la plus haute autorité des forces armées, dont tous les membres lui étaient subordonnés», selon la même source. Sous son commandement, les forces de sécurité auraient «infligé des actes inhumains à la population civile, la privant gravement de ses droits fondamentaux», ajoute la même source. Beau-frère de Mouammar El Gueddafi, Abdallah Senoussi «avait le pouvoir de décider si les crimes étaient commis et comment ils seraient commis», selon la CPI. Agé de 62 ans, Senoussi a aussi été condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d'assises de Paris en mars 1999 pour son implication dans l'attentat contre un DC-10 de la compagnie UTA en 1989, qui avait fait 170 morts. Avec sa capture et celle de Seïf El Islam, c'est tout le régime de Mouammar El Gueddafi qui vient d'être rayé de Libye.