Le projet de loi organique relatif à l'information doit être présenté, aujourd'hui, devant l'Assemblée populaire nationale (APN). Et cette nouvelle mouture du code de l'information, décrite par le ministre de la Communication, Nacer Mehal, comme une «protection» pour le journaliste, est pourtant décriée par la corporation. Un groupe de professionnels – l'Initiative nationale pour la dignité du journaliste (INDJ) – escompte d'ailleurs observer un rassemblement devant le siège de l'APN. Dans l'appel lancé par l'INDJ, les journalistes dénoncent les régressions enregistrées comparativement au code de l'information de 1990. «Nous refusons des réformes qui n'auraient pas comme objectif la protection du journaliste», affirme l'INDJ. De même, le Syndicat national des journalistes (SNJ) relève, dans une lettre adressée aux parlementaires, les articles qu'il est impératif de revoir afin de doter la corporation d'«un cadre législatif et juridique digne d'une presse à laquelle nous aspirons tous : libre, moderne, citoyenne». Dans ce document en 18 points, le SNJ revient sur l'ensemble des dispositions qui sont autant d'interdictions et qui «constituent réellement des handicaps pour les journalistes et limitent leur liberté d'action et d'initiative». «Le projet de loi parle de secret professionnel, mais ne fait pas référence à la protection des sources, ce qui constitue un recul par rapport à la loi 90/ 07. Les sources doivent être protégées pour permettre un exercice sain de la profession de journaliste et, notamment, éviter le recours au réflexe de l'autocensure, ce qui est en soi une atteinte grave à la liberté de la presse», est-il demandé. De même, «la création d'une autorité de régulation doit être l'émanation totale et exclusive des journalistes. Les pouvoirs publics n'ont dès lors pas à s'y immiscer, ni de près ni de loin, et ce, pour éviter une caporalisation certaine de l'instance. L'article 89 n'a, de ce fait, aucune raison d'être», poursuit le SNJ. Pour ce qui est des sanctions, «les 22 articles répressifs ont été ramenés à 11 articles», affirme le ministre de la Communication. Il est vrai que les peines d'emprisonnement stipulées dans une première version de l'avant-projet de loi ont été supprimées et remplacées par des amendes. Toutefois, leurs montants sont lourds : de 100 000 à 500 000 DA. «Elles constituent une forme de blocage et de restriction dans l'exercice de la profession», commente le SNJ. Reste à savoir si les députés l'entendent de cette oreille ou s'ils se prononceront en faveur d'un code qui tend à museler la presse. Une coordination des syndicats afin de veiller au respect des engagements Par ailleurs, la nouvelle grille des salaires des journalistes des médias relevant du secteur public sera appliquée à compter du 1er janvier 2012. Cette mesure, qui stipule notamment que le salaire minimum des journalistes sera de 60 000 DA, est «maintenue» à la date promise, et ce, même si «le groupe de travail en charge de l'élaboration de cette grille ne terminera pas ses travaux à cette échéance», a affirmé M. Mehal, hier, en marge du colloque de célébration du cinquantenaire de l'APS. Pourtant, cette affirmation aura suscité l'étonnement de plus d'un, notamment des principaux concernés, journalistes au sein d'organes publics. «Est-ce à dire que ces montants ont d'ores et déjà été décidés et que la commission ad hoc n'a aucun poids ? Ou bien cela implique-t-il que même si la grille de base n'est pas prête au 1er janvier, l'application ne sera effective qu'une fois celle-ci finalisée, avec des mesures de rétroactivité ?», s'interroge un reporter à la Radio nationale. De même, le ministre a demandé aux nombreux journalistes présents, venus s'enquérir de l'état d'avancement de ces augmentations, de faire montre de rationalité en tenant compte de la disponibilité des ressources financières. «La demande initiale était d'un salaire minimum de 75 000 DA, ce qui serait égal à ce qui se fait en Tunisie, mais très en deçà du Maroc. A l'APS, à la télévision et à la radio, les journalistes touchent 37000 à 42000 DA. Des chauffeurs sont mieux payés que certains journalistes», déplore l'un d'entre eux. Et c'est d'ailleurs parce qu'ils avouent «ne plus avoir les mêmes garanties de la part de la commission ad hoc» que les membres des conseils syndicaux des trois médias publics se sont regroupés en coordination.