Les habitants du domaine Osmani Mustapha, (ex-Chouillou), à 1 km de Chebli (wilaya de Blida), à la sortie ouest, ont fermé la route Chebli-Boufarik à la circulation, jeudi matin, pour exprimer leur colère et leur désespoir lorsque l'huissier de justice, M. L., s'est présenté sur les lieux pour exécuter une décision d'expulsion à l'encontre de Mohamed Alili, un habitant de cette ferme. Cette décision sera suivie de deux autres, pour le 22 décembre 2011, contre Sebti Mohamed et Rebhi Abdelkader, tous les trois sommés de quitter leur demeure. «Tous les autres suivront, dit Mohamed sur un ton amer. Nous allons tous être expulsés un par un de chez nous!» L'affaire remonte à 2002, quand l'EAC n°7 de 32 ha fut rachetée par Fodil Mohamed, dit «Soury». Abdelkader brandit un document émanant de la direction des biens de l'Etat. On y lit : «Cette ferme qui fait partie depuis l'indépendance des biens de l'Etat a été transformée en EAC. Comment une EAC peut-elle être vendue quarante ans après l'indépendance au vu et au su des autorités locales et du ministère de l'Agriculture ?», interroge-t-il l'assistance. Depuis dix ans, ces habitants essaient de «récupérer» leur EAC… En vain. Les tribunaux semblent donner raison à l'acquéreur. Ce dernier a élevé une enceinte de plusieurs centaines de mètres donnant ainsi au domaine un aspect de réserve avec une porte d'entrée immense. «La muraille de Chebli, se moque un des fermiers rassemblés au beau milieu de la route, comme ça, il peut contrôler qui entre et qui sort !». Abdelkader nous présente un arrêté du tribunal de Boufarik daté du mois d'avril 2003, qui stipule qu'aucune décision d'expulsion ne sera prononcée. Il faut noter que ces dernières années, la carte des terres vouées à l'agriculture dans la région a été sérieusement «grignotée» par des ventes pour le moins «curieuses» et que des «zones industrielles» sauvages ont pris la place des orangeraies, qui faisaient la renommée et la fierté de la région. Le barrage élevé par les protestataires a causé beaucoup de désagréments aux usagers de la route très nombreux à ce moment de la journée. Le commandant de la gendarmerie, M. Salah, arrivé sur les lieux, déplore la méthode utilisée par les habitants de la ferme : «C'est devenu une habitude par ici, chaque fois que quelqu'un a une revendication à faire, il coupe la route aux autres citoyens ! Ce n'est pas une façon civilisée de demander ses droits». Après de longs conciliabules, il a été décidé qu'une délégation de quatre personnes sera reçue par le procureur de la République de Boufarik dans la matinée. Le barrage fut levé après l'accord, par téléphone, du tribunal de recevoir les représentants des locataires. La décision d'expulsion fut gelée par le procureur. «Ce n'est qu'un sursis ! Qui nous dit que l'huissier ne reviendra pas dans une semaine, dans un mois, pour nous mettre à la rue?», s'inquiète Mohamed. «Nous non plus nous ne voulons pas vivre sur ‘‘ses'' terres puisqu'il est arrivé à se les approprier, que l'Etat, la wilaya, la daïra ou la commune, qu'importe, nous reloge pour mettre fin à cette situation déplorable !»