Foncier agricole en fièvre dans la wilaya de Blida ou, mieux encore, dans la plaine de la Mitidja. Des ventes d'exploitations agricoles ont eu lieu à un rythme effréné jusqu'à la dernière décision de blocage de toute transaction. A Chebli (9 km de Boufarik), 75 ha font l'objet d'un contentieux au tribunal de Boufarik depuis près de quinze années. Le domaine Osmani Mustapha, objet du premier morcellement en 1987 avec actes remis par le regretté Kasdi Merbah, alors ministre de l'Agriculture, à 35 exploitants répartis sur trois EAC et où vivent aujourd'hui 29 familles totalisant 240 citoyens, se voit aujourd'hui revendiqué par des héritiers dont le père aurait acheté la terre à un colon au mois de novembre 1962.L'ancien gestionnaire s'exclame : « C'est une terre qui appartient à l'Etat et c'est à l'Etat de la défendre ! Nous avons assez perdu d'argent dans les tribunaux et nous n'avons pas pu nous consacrer à la mise en valeur pendant toutes ces années où on court derrière nous. » Des responsables de la wilaya et de l'Assemblée populaire de wilaya, venus mercredi, ont promis de se pencher sur le problème et un sursis de trois mois est accordé aux travailleurs afin que des enquêtes soient menées. Sur place, on a appris que des enfants du colon propriétaire seraient venus il y a six mois et avaient attesté que leur père n'avait pas vendu ses terres et qu'il avait été remboursé par l'Etat français. Sur l'acte de propriété du nouveau propriétaire, il est fait état dans la délimitation d'une voie ferrée alors que celle-ci n'existe pas « et n'a jamais existé », selon une vieille personne retraitée aujourd'hui. Le nombre d'hectares achetés et figurant dans l'acte fait mention de 32 ha alors que les trois EAC totalisent 36 ha et 27 a. Les exploitants se demandent également comment les supposés héritiers ont-ils pu vendre sans fridha et sans CNI à un certain Fodhili qui leur avait déclaré qu'il les ferait tous sortir alors qu'une action en justice a été introduite sur la délimitation exacte de la propriété et qui ne figure point sur le plan cadastral ; l'huissier de justice a voulu absolument passer à l'acte d'exécution alors que l'avocat du collectif des agriculteurs avait introduit une affaire sur le vice de forme. Les responsables ont promis de tirer l'affaire au clair et l'un d'eux dira aux exploitants : « C'est un bien de l'Etat et nous allons en prendre soin. »