Les responsables font-ils des virées en ville ? Si c'est le cas, ils s'apercevront du désastre. Le centre-ville est dans un état de délabrement avancé. Il ne s'agit pas des localités de la banlieue, mais du cœur même de la capitale, qui représente l'image du pays. A la rue Larbi Ben M'hidi, à partir de l'immeuble n° 37 jusqu'à la Grande-Poste, la vétusté des immeubles et le délabrement des trottoirs sont devenus une empreinte distinctive des lieux. Bien que nombre d'immeubles sont en rénovation, il n'en demeure pas moins que toutes les ruelles latérales sont dans un état de délaissement déconcertant, et ce, à l'instar des ruelles Ben Abdelaziz Saddik et celle des Frères Kheladi, où la saleté et le manque d'éclairage sont le lot quotidien des résidants. Pourtant, ces artères ne se trouvent qu'à une dizaine de mètres du siège de l'APC d'Alger-Centre. Au fil du temps, les espaces réservés aux piétons, au niveau de la rue Larbi Ben M'hidi, sont devenus de véritables patchworks où s'entremêlent différentes sortes de carrelages, signe particulier d'un labourage permanent de ces marges : tantôt les carreaux sont de couleur rouge, tantôt de couleur jaune et parfois la mosaïque «s'embellit» de pans entiers de mortiers disgracieux ; il faut dire que les multiples interventions sont à l'origine de la détérioration des trottoirs à la rue Larbi Ben M'hidi. Les résidants ne manqueront pas de citer en premier lieu les travaux menés par la Seaal sur le réseau d'AEP, l'intervention de Sonelgaz (SDA) afin d'enfouir le réseau électrique et rénover le réseau du gaz sous terre, pour finir par les travaux de l'EPIC Asrout. Tous ces intervenants ont passé outre la nécessité et le devoir de remettre la chaussée en l'état, ce qui est une démarche contraire à la réglementation en vigueur. Les parties de trottoir, remises en l'état, sont vite délabrées. Les carreaux ont fini par se détacher aussi vite qu'ils ont été posés. En face de la Grande-Poste, les travaux du métro ont défiguré une partie importante du jardin. Toute une surface a été refaite non pas en y posant du carrelage, mais du béton qui a fini par s'affaisser, créant une cuvette où l'eau stagne, dégageant ainsi une odeur nauséabonde. A la rue Abane Ramdane, le constat est aussi navrant. Le contraste qui existe entre cette rue et celle d'Asselah Hocine est flagrant : une différence de taille. En effet, là où les institutions de l'Etat existent, telles que l'Assemblée populaire et le Trésor public, il n'y a rien à dire, car tout est impeccablement ordonné, par contre, à la rue Abane Ramdane, les immeubles tombent en ruine. Toutes les ruelles se trouvant derrière cette avenue principale sont dans un état de dégradation avancé. A l'instar des bâtiments de la rue Haffaf Nafaâ ou ceux de la rue Bouziri Sid-Ali, certains immeubles menacent ruine et risquent de s'effondrer, et il serait plus approprié de les démolir avant que l'irréparable ne se produise. Par ailleurs, sur le même boulevard, les faux plafonds des arcades ne cessent de s'effriter et les sous-sols s'éventrent continuellement. Sur les trottoirs, des planches sont placées de manière aléatoire afin de protéger les piétons des éventuelles chutes. Le mépris des pouvoirs publics pour les habitants d'Alger-Centre et leur manque de sérieux se sont accentués lors de la visite de Bouteflika, dans le cadre de l'inauguration du métro. Les responsables de la wilaya ont entrepris, en un temps record, des travaux pour cacher la laideur des immeubles qui se trouvent sur l'itinéraire du Président. Toutes les devantures des édifices ont été peintes avec une célérité remarquable, ce sont là des pratiques méprisantes pour le citoyen considéré comme une donne négligeable.