Le chef du Conseil national syrien, Burhan Ghalioun, accuse Damas de vouloir gagner du temps. Le régime de Damas a fini par céder aux pressions de la Ligue arabe. Après plus d'un mois de tergiversations, Bachar Al Assad a, en effet, donné son quitus à Fayçal Al Maqdad, vice-ministre syrien des Affaires étrangères, pour signer un document arabe organisant l'envoi d'observateurs arabes en Syrie. La cérémonie de signature de ce texte incluant la protection des civils a eu lieu hier au Caire, une autre grande capitale arabe plongée dans la contestation du pouvoir en place depuis plusieurs mois. C'est avec une grande peine que le gouvernement syrien a accepté le plan arabe de sortie de crise. Les décideurs syriens, dont la plupart sont déclarés persona non grata en Europe et aux Etats-Unis, ont fait l'objet de plusieurs ultimatums de l'organisation panarabe, qui a adopté péniblement le 27 novembre des sanctions économiques à l'encontre de Damas pour son refus de le signer. Certaines d'entre elles sont d'ailleurs entrées en vigueur. Le Premier ministre du Qatar, Hamad Ben Jassem Al Thani, avait dû recourir samedi à la menace pour obliger la Syrie à ouvrir ses frontières aux observateurs arabes. Celui-ci avait notamment averti que la Ligue arabe allait saisir le Conseil de sécurité de l'ONU dans le cas où le régime de Bachar Al Assad se refusait encore à appliquer la feuille de route arabe. L'éventualité d'une prise en charge par le Conseil de sécurité de l'ONU du dossier syrien a, certainement, dû faire peur à Damas, d'autant que la Russie, son principal allié, commence non seulement à faire preuve d'impatience, mais aussi à multiplier les contacts avec l'opposition syrienne. D'où certainement la décision de Damas de se plier aux exigences de la Ligue arabe. Le plan arabe, rappelle-t-on, prévoit la libération des détenus arrêtés depuis le début du soulèvement, le départ des forces armées des villes et l'ouverture du pays à des observateurs arabes et à la presse étrangère. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al Arabi, a annoncé que les observateurs arabes engagés pour trouver une issue à la crise en Syrie sont attendus dans les trois prochains jours dans la capitale syrienne. Manœuvre pour gagner du temps, accuse le CNS Ce premier groupe d'observateurs sera conduit par le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Samir Seif Al Yazal. M. Al Arabi a précisé que cette mission comprend 100 spécialistes dans les droits de l'homme et les affaires financières et administratives, ainsi que des représentants d'organisation et d'ONG. Mais il est évident que le règlement de la crise syrienne ne sera pas du tout facile pour la Ligue arabe tant le pays est plongé dans un chaos indescriptible et une guerre civile qui ne dit pas son nom. Par ailleurs, rien ne dit que Damas ne cherche pas à gagner du temps. Le Conseil national syrien (CNS), qui représente la majorité des courants d'opposition, outre qu'il n'a pas du tout confiance en Bachar Al Assad, ne se montre pas optimiste du tout quant à la possibilité de voir la situation se dénouer. Son chef, Burhan Ghalioun, a ainsi accusé, hier, Damas de manœuvrer en acceptant la venue d'observateurs arabes, afin de faire échec à l'intervention du Conseil de sécurité dans le conflit syrien. «Le régime syrien manœuvre pour empêcher que le dossier syrien soit soumis devant le Conseil de sécurité des Nations unies (...). Ils n'ont aucune intention d'appliquer une quelconque initiative», a-t-il déclaré depuis Tunis. L'opposition a ainsi souhaité l'intervention des forces arabes si Damas poursuit la répression violente. La Syrie est confrontée depuis la mi-mars à une crise née d'un mouvement de contestation sans précédent réclamant le départ du président Bachar Al Assad. Les violences dans ce pays ont fait déjà fait plus de 5000 morts, selon un bilan de l'ONU. Hier encore, 6 civils ont été tués par les forces de sécurité à Deraa et à Deir Ezzor.