Etape - Une délégation de l'opposition syrienne en exil se trouvait à Moscou ce mardi pour des entretiens avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dont le pays a jusqu'ici refusé de soutenir des sanctions contre le régime de Damas. «Nous voulons surmonter la crise et voudrions que cela se fasse sans intervention militaire extérieure", a déclaré avant ces entretiens Burhan Ghalioun, professeur à la Sorbonne à Paris et président du Conseil national syrien (CNS), instance dans laquelle est rassemblée l'opposition au régime de Bachar al-Assad. "Nous sommes prêts à coopérer avec des représentants du pouvoir qui ne tuent pas des citoyens syriens, afin de trouver une issue pacifique à la crise", a-t-il ajouté. Ces déclarations interviennent au lendemain d'une des journées les plus meurtrières- 70 morts d'après une ONG syrienne - dans le pays secoué depuis huit mois par une révolte populaire réprimée dans le sang, qui a fait 3.500 morts selon l'ONU. Alliée de longue date de la Syrie, à laquelle elle fournit des armements, la Russie continue de soutenir la Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU et a bloqué jusqu'ici toutes les propositions de sanctions des pays occidentaux qui réclament le départ du président Assad. La Russie est aussi l'un des rares pays à avoir condamné la décision de la Ligue arabe de suspendre la Syrie de l'organisation panarabe, une mesure jugée "incorrecte" par M. Lavrov. Avant de rencontrer les opposants syriens, M. Lavrov a indiqué que la Russie souhaitait que la Syrie échappe au scénario libyen, où quelque 30.000 personnes auraient été tuées lors d'une révolte populaire sanglante, et qu'il leur ferait part des "préoccupations" de Moscou. En octobre, le président russe Dmitri Medvedev avait estimé que le régime de Bachar al-Assad devait faire des réformes ou partir, tout en maintenant son opposition à toute ingérence des Occidentaux. Par ailleurs, une centaine de personnes ont manifesté hier soir devant l'ambassade de Jordanie à Damas après les déclarations du roi Abdallah II de Jordanie, qui a été le premier dirigeant arabe à appeler le président Bachar al-Assad à "quitter le pouvoir" en Syrie. "Près de 120 personnes ont protesté devant l'ambassade de Jordanie à Damas et deux d'entre eux ont réussi à faire irruption dans la cour externe de l'ambassade déchirant et emportant le drapeau jordanien", a déclaré l'ambassadeur de Jordanie à Damas, Omar al-Amad. "Si j'étais à sa place, je quitterais le pouvoir", a dit le roi de Jordanie, pays voisin de la Syrie. "Si Bachar avait à coeur l'intérêt de son pays, il devrait démissionner, mais il devrait aussi créer les conditions nécessaires pour une nouvelle phase de la vie politique syrienne", a-t-il ajouté.