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«L'écoconception est une vraie opportunité pour les entreprises» Jean-Claude Giannotta. Directeur du Centre français d'animation régionale en matériaux avancés (Carma)
Dans cette interview, Jean-Claude Giannotta, directeur du Centre d'animation régional en matériaux avancés en France (Carma) fait le point sur le concept d'écoconception dans le domaine de la plasturgie et l'intérêt grandissant qu'il revêt en tant que solution qui respecte les principes du développement durable. -Le concept d'éco-conception est-il encore à l'échelle de l'expérimentation ou y a-t-il, actuellement, des applications à l'échelle industrielle ? L'écoconception se développe aujourd'hui dans différents secteurs industriels, notamment dans les secteurs de l'aéronautique, du bâtiment, de l'électronique, de l'emballage, de l'énergie, médical... Dans chacun de ses secteurs, de nouveaux produits sont conçus et mis sur le marché. Les processus de fabrication permettent de réduire à l'amont la consommation des matières premières et de l'énergie ainsi que la génération des rebuts. A titre d'exemple, lors du surmoulage de composants électroniques on perd souvent plus de3 tonnes de résine coûtant 10 à 20 euros le kilo. Il faut payer autant pour l'opération de destruction et la moitié pour l'utilisation de solvants. Le gain a été évalué en France à 30 000 euros annuels par poste de travail. D'autre part, on encourage les conceptions qui soient plus adaptées au transport, une démontabilité des produits, un recyclage possible des divers éléments associés et une plus grande durée de vie. Actuellement, les polymères biosourcés représentent 400 000 tonnes de production par an. Du plastique issu de l'amidon de blé, de maïs et de pomme de terre, mélangés à des plastiques d'origine pétrolière biodégradable (polyesters) est maintenant possible. Du plastique issu de la même origine que celle précédente et transformé par une chimie complexe tels que l'amidon, le glucose, l'acide lactique, l'acide polylactique… ça existe aussi. Le stylo démontable et recyclable de Pilot, le compteur d'eau Altaïr, le fauteuil de bureau de Steelcase, Horodateur Parkeon… sont autant d'exemples d' applications à l'échelle industrielles. -Sur le plan R§D, quels les écueils pour une généralisation des processus de l'écoconception dans diverses industries, notamment dans les industries à gros potentiel de pollution ? L'homologation de nouveaux produits nouvellement conçus a toujours posé problème, l'investissement dans de nouveaux équipements de production à l'exemple des technologies de Resin Transfert Mouling (résine de surmoulage) qui nécessitent des machines d'injection, le remplacement d'ancien équipement tel les presses à injecter électriques venant remplacer les presses hydrauliques, le manque d'audace à vouloir reconcevoir un produit constitue autant de freins que connait toute innovation, encore aujourd'hui. -Quels sont les matériaux et composants chimiques utilisés, notamment dans le secteur de la plasturgie et qui ont disparu de l'espace UE, après l'arrivée de la nouvelle réglementation Reach ? De nombreuses substances sont sur le point de disparaître à l'aube de l'application de la directive Reach, il s'agit notamment des CMR (substances cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction) des PBT (substances persistantes, bioaccumulables et toxiques) et des vPvB, (substances très persistantes et très bioaccumulables). Certaines substances préoccupantes ayant des effets graves irréversibles sur l'être humain et l'environnement, tels que les perturbateurs endocriniens. -L'Algérie est le pays pétrolier où le secteur du plastique devrait être à la page en matière de R§D, y a-t-il lieu de parler de vraies opportunités économiques quant à la promotion du secteur de la plasturgie, notamment celui des process de l'écoconception dans ce domaine ? Dans un but d'autonomie et en tant que pays pétrolier, l'Algérie devrait posséder l'ensemble de la filière «matières plastiques» depuis la source (raffinerie), jusqu'à la fabrication des granulés et des pièces injectées, extrudées, thermoformées, rotomoulées... -Est-ce qu'il existe des outils qui peuvent aider une entreprise qui veut s'engager volontairement dans le processus d'écoconception ? Oui, il existe des outils simplifiés d'analyse du cycle de vie et des démarches qualitatives comme quantitatives, adaptés chacun au domaine technique concerné. Ces outils simplifiés développés de manière spécifique pour certains secteurs seront peut-être généralisés dans quelque temps. Il existe aussi des logiciels, tels que : SIMAPRO pour la mécanique, EIME pour l'électronique et des bases de données à l'exemple de CES (Cambridge Education Selector) pour l'ensemble des matériaux.