Deux manifestations devant l'ambassade d'Algérie à Paris, mercredi soir. Paris De notre correspondante La première, menée par «Rached», une association dirigée par des membres ou des proches de l'ex-FIS pour dénoncer le «coup d'Etat» de 1992. A contrario, une autre manifestation composée d'anciens militants de l'Amicale des Algériens en Europe et d'associations proches du FLN ou de «simples citoyens», aux cris de «Vive Bouteflika», «FIS dégage, l'Algérie n'est pas à toi». Les deux regroupements ne comptaient au final qu'une centaine de personnes, réparties quasiment à parts égales et on pouvait à la louche compter plus de gendarmes et de policiers en civil que de manifestants. La présence des forces de l'ordre françaises en grand nombre s'expliquerait par le fait que, selon des informations circulant sur facebook, la manifestation de «Rached», autorisée par la police, allait être perturbée, par la violence si nécessaire. En fait, il n'y a pas eu de violences, mais on a assisté à une manifestation qui donnait l'impression d'avoir été improvisée, puisqu'elle n'avait même pas reçu l'autorisation de la police, en soutien au président Bouteflika. Ses décideurs ont-ils été pris de court. Les uns et les autres étaient séparés par plusieurs cordons de gendarmes, alors que l'accès au bâtiment de l'ambassade d'Algérie était bloqué. La manifestation de l'ex-FIS, si elle n'a pas rassemblé grand monde (une cinquantaine de personnes tout au plus) a été préparée et organisée d'avance, avec force banderoles et affiches sur lesquelles figuraient les photos des généraux Khaled Nezzar et Toufik et de Saïda Benhabylès, ancienne ministre, responsable associative. Les manifestants criaient «Toufik, casse-toi», «DRS dégage» «La mafia, on n'en veut pas». Les télévisions étrangères, particulièrement arabes, contrairement à leur habitude quand il s'agissait d'autres manifestations d'Algériens, étaient présentes en nombre pour celle de «Rached» dont les animateurs étaient fortement sollicités. L'autre regroupement n'a pas suscité leur intérêt. Pourquoi cette manifestation ? Avons-nous demandé à Mohamed Larbi Zitout, un des fondateurs de «Rached», ex-diplomate en Libye qui a rejoint le FIS en 1995. «Nous sommes là pour dire que 20 ans ça suffit», «Nous voulons en finir avec l'Etat DRS», «Nous voulons un Etat civil, ni militaire ni religieux». Et que faites-vous de la religion ? «On est des musulmans, c'est une question personnelle, il n'y a pas de contrainte en religion». Le discours a évolué dans la forme, est-ce l'effet du Printemps arabe ? Revendiquez-vous le retour du FIS ? «Toute exclusion est néfaste, on est pour le retour de tous les Algériens». Quant à son association, il soutient qu'elle «n'a pas de sensibilité politique», que «la question idéologique est secondaire». «Nous sommes pour une justice indépendante, même sous l'égide internationale, pour juger qui a fait quoi.» Le discours est là aussi expurgé, et dans l'air du temps. Nous lui faisons remarquer qu'il y a eu, officiellement, une réconciliation nationale. «C'est une soi-disant réconciliation imposée par des criminels». Votre discours est-il entendu par les Algériens ? «Que ce régime ouvre les médias, les partis à tous et on verra qui représente quoi». Quant aux prochaines législatives : «C'est une mascarade.» L'autre regroupement continuait à clamer : «Djeich, chaâb avec Bouteflika», «FIS, casse-toi, l'Algérie n'est pas à toi». Il est à rappeler qu'un communiqué signé d'un «collectif d'associations des Algériens de France» a appelé à manifester contre Bernard-Henri Lévy. Dans ce communiqué, le collectif d'associations non identifiées écrit : «Pour Bernard-Henri Lévy, la guerre en Libye était surtout motivée par la défense d'Israël dans le monde.» Le 20 novembre, lors de la convention nationale du CRIF, il (BHL) déclarait : «C'est en tant que juif que j'ai participé à cette aventure politique, que j'ai contribué à définir des fronts militants, que j'ai contribué à élaborer pour mon pays et pour un autre pays une stratégie et des tactiques.» Et «j'ai porté en étendard ma fidélité à mon nom, ma volonté d'illustrer ce nom et ma fidélité au sionisme et à Israël». Celui qui prétendait secourir le peuple libyen, n'a pas eu un seul mot pour les enfants Libyens tombés sous les bombes de l'OTAN ni pour les enfants de Ghaza brûlés au phosphore blanc par Israël. Au contraire, son soutien reste indéfectible à l'Etat criminel d'Israël. Et le communiqué ajoute : «Son rêve ? Mettre tout en œuvre pour parvenir à la dislocation du monde arabo-musulman, avec l'Algérie pour cible favorite. D'ailleurs, il n'a pas hésité dans l'une de ses déclarations à avouer son souhait de : ''voir l'Algérie disloquée en plusieurs petits Etats''.» Le communiqué annonce enfin que «BHL va manifester sa haine contre l'Algérie, sous les fenêtres de l'ambassade d'Algérie à Paris le mercredi 11 janvier 2012 à 17 heures. Soyons nombreux à l'accueillir». Au vu des manifestants présents, cet appel n'a pas semblé avoir eu beaucoup d'impact. Aucun slogan contre BHL n'a été proféré par l'une ou l'autre manifestation. Seule référence au philosophe français, une affiche dans les rangs de la manifestation de «Rached» sur laquelle on pouvait lire : «BHL ami des généraux / éradicateurs dégage ; BHL = Nezzar. Même combat / plan» Pourquoi cette agitation subite ? Cette intox via les réseaux sociaux ? L'échéance des législatives de mai prochain en serait-elle la raison, la seule ? Nous ne pouvons manquer d'observer qu'au tableau des manifestants de mercredi soir, il manquait une troisième voix (e), représentée par les démocrates laïques. Iront-ils manifester à leur tour ?