La méfiance était au rendez-vous de la rencontre organisée, hier, à Béjaïa à l'initiative d'Ahmed Khaled, député indépendant de Béjaïa, avec les élus sans ancrage partisan dans la wilaya. Le parlementaire a eu l'idée d'amener les élus locaux indépendants, dégagés par les partielles du 24 novembre dernier, à se regrouper en coordination, puis à discuter des sénatoriales du 23 février prochain. On s'est contenté, finalement, de mettre sur pied un comité provisoire de sept membres, chargé d'élargir les consultations et de préparer un projet de coordination à soumettre à l'approbation lors d'une autre rencontre, qui reste à programmer. Une issue qui n'a pas tellement déçu l'initiateur de la réunion dans la mesure où la teneur des débats avait plusieurs fois fait miroiter la possibilité d'un rejet pur et simple de la démarche. Les quelques dizaines d'élus ayant répondu à l'invitation se sont partagés entre ceux qui ont défendu que le regroupement est une nécessité pour mener à bien leurs missions et ceux qui flairent carrément un dessein politique derrière la proposition. Les réserves étaient nombreuses. A commencer par le lieu de la rencontre, une salle gracieusement mise à disposition par le patron du groupe Bouaoudia, qui n'est autre que le président de l'APC de Béjaïa, d'obédience FLN. La question a en tous cas alimenté des discussions dans les travées. Un élu de l'APC de Béjaïa, qui trouve carrément « suspecte » la rencontre, s'est par ailleurs demandé pourquoi l'initiative viendrait-elle d'un membre de l'APN et pas des élus locaux. « J'ai l'impression qu'il y a là des initiés et des profanes », dira M. Tiab qui nous affirme n'avoir eu vent de la rencontre que la veille via un courrier du parlementaire. M. Benslama, élu indépendant à Chemini et transfuge du FFS, trouve quant à lui à redire sur l'utilité d'un cadre de regroupement qui reproduirait les mécanismes et réflexes d'embrigadement des partis politiques. Des partis peu ménagés dans les débats puisqu'ils ont été désignés comme responsables de tous les déboires de la région. Il y a lieu de noter enfin qu'en termes arithmétiques, les indépendants se sont imposés comme deuxième « force » politique dans la wilaya après le FFS, en totalisant 111 élus, APC et Assemblée de wilaya confondues. Un nombre qui, certes, leur confère théoriquement une large possibilité de peser dans les débats pour les sénatoriales, mais qui reste à relativiser dans la mesure où ils défendent des idées et des orientations pas toujours conciliables, même si Ahmed Khaled continue à penser que les élus indépendants ne sont pas là pour « faire de la politique ».