- Comment évaluez-vous l'ampleur de la tempête de neige qui sévit actuellement dans la région d'Aït Zikki ? La situation est catastrophique. On commence à manquer de tout : denrées alimentaires, gaz butane, fuel. Depuis 48 heures, c'est la pénurie. L'opération de déneigement se poursuit avec les moyens dérisoires de la commune, qui se limitent à un engin (une Case) et un chasse-neige. Cela reste insuffisant en raison notamment du relief difficile d'accès de la région. Nos équipes travaillent sans relâche, jour et nuit, mais la tâche est toujours très difficile pour désenclaver les 9 villages que compte la commune. Si la route principale du chef-lieu est dégagée, il n'en demeure pas moins que tous les autres axes routiers demeurent bloqués. Nous faisons de notre mieux pour ne pas revivre le calvaire de 2005 lorsque la population a été isolée par la neige pendant plus de 10 jours. Au moment où je vous parle (hier à 13h), nous sommes au village de Mansourah pour évacuer une malade âgée vers la polyclinique de Loudha, distante de 10 km, à bord d'un véhicule tout-terrain appartenant à un citoyen. Une autre femme a été transférée à l'hôpital d'Azazga pour accoucher.
- Avez-vous reçu l'aide des pouvoirs publics pour faire face à cette situation exceptionnelle ? Nous sommes seuls sur le terrain. Nous n'avons reçu aucune aide. Cela fait deux jours que j'appelle les responsables de la subdivision des travaux publics d'Azazga pour mettre à notre disposition des moyens de déneigement. En vain. Nous sommes dépassés par l'ampleur de la tempête de neige. Nous n'avons que deux engins. Ath Zikki est une commune déshéritée qui ne dispose pas d'entreprises de travaux publics qui pourraient nous aider avec leurs engins. - Qu'en est-il de l'alimentation en électricité, en eau potable et de l'approvisionnement des foyers en denrées alimentaires de base ? Nous avons passé la journée de samedi sans électricité. Le courant n'a été rétabli que vers 21h. Pour l'eau, fort heureusement, il y a des fontaines publiques car par endroits, comme à Mansourah, l'eau du robinet a gelé. S'agissant de l'approvisionnement en denrées alimentaires de base, les pénuries se font sentir déjà. Le dernier approvisionnement des épiciers remonte à 3 jours. Depuis plus rien, d'ailleurs tous les stocks sont épuisés. Nous n'avons qu'une boulangerie en activité, mais elle ne va pas tenir longtemps. Il y a lieu de signaler également que la couverture sanitaire est réduite presque à néant puisque, depuis une semaine, les médecins de Bouzeguène n'ont pas pu faire le déplacement à Aït Zikki. Aussi, les écoles sont fermées depuis plusieurs jours. Nous vivons des moments dramatiques. Nous n'avons pas les moyens de déneigement nécessaires ni pour les évacuations d'urgence de malades. Nous recevons des appels de détresse d'un peu partout sollicitant notre intervention, mais malheureusement notre action est limitée, vu le manque de moyens matériels, mais aussi en raison du relief très accidenté de la commune. L'opération de déneigement nécessite beaucoup de temps en pareilles circonstances. La neige a atteint 1,5 m. Nos moyens d'intervention mettent 2 heures pour déblayer 10 m de route. Je compte appeler le wali de Tizi Ouzou cet après-midi (dimanche, ndlr) pour demander de l'aide. Nous manquons de tout. La population est vraiment paniquée. Je me demande d'ailleurs si le plan Orsec a été déclenché.