La tempête de neige ininterrompue qui a sévi en Kabylie a permis de renforcer l'entraide et la solidarité chez les villageois. C'est le cas à Agouni-Ghezifene (Agraradj), un village situé au pied de la montagne du Tamgout (Adrar n'Ath Jennad), où les jeunes villageois en se réveillant sous une couche de neige plus de 80 centimètres n'ont pas eu d'autre choix que de décider de se prendre en charge en vue de sortir de l'isolement imposé par la nature. Ceci après avoir constaté notamment que les élus communaux, qui ont constitué, au chef-lieu de la municipalité, à Agouni Oucherki (Aghribs), une cellule de crise dès la réception du bulletin météo spécial (BMS), étaient dépassés par l'ampleur des besoins en secours des populations de villages et hameaux. Originaire de ce village, le maire d'Aghribs, ayant confiance quant à la solidarité et à la volonté des jeunes de son village, et mobilisé comme tous les autres élus en ces moments difficiles, passera ses «nuits blanches» au chef-lieu communal avec les autres membres de la cellule de crise à l'écoute des villageois. Ainsi, malgré la privation en énergie électrique depuis le début de la tempête, les villageois d'Agouni Ghezifene, habillés et chaussés pour la circonstance, se sont armés de pelles nécessaires pour déneiger le tronçon du chemin qui leur donne accès à la RN 71, route déjà déblayée par des engins municipaux. Auparavant, les jeunes volontaires ont déjà terminé l'ouverture des accès vers les maisons de chaque famille en difficulté, notamment celles quelque peu éloignées et isolées du village. Ensuite, l'approvisionnement en butane s'impose pour quelques familles ayant leurs stocks en bonbonnes de gaz épuisés, comme ceux du dépôt local. Un jeune promoteur ANSEJ, ayant un camion de nettoyage, fera une virée au centre enfûteur Naftal de Fréha pour y amener des bonbonnes de gaz, distribuées ensuite sur des familles dans le besoin. La bonbonne butane est cédée, dans ce village, malgré la crise, à 220 DA, prix pratiqué habituellement par le dépôt local de gaz. Par ailleurs, toujours en matière de solidarité inter-villageoise, en remettant en marche son groupe électrogène, un autre jeune des Aouedjgout, un hameau relevant du village Hendou (commune voisine d'Azazga), fera, de nuit, une tournée chez ses voisins d'Agouni Ghezifene pour les inviter à ramener leurs équipements divers, notamment les téléphones portables, en vue de les réalimenter en énergie électrique. Une aubaine pour beaucoup de familles dont les mobiles s'étaient complètement éteints. A Agouni Ghezifene, où le courant électrique n'était pas rétabli depuis sa rupture vendredi, comme c'est le cas également à Tamassit, la plus grande des difficultés qui aura engendré beaucoup d'ennui aux villageois a été celle de l'extinction de ces moyens de communication vitale, a fortiori en période de tempête.