Si l'avènement de la neige met du baume dans les cœurs, il n'en est pas de même dans certaines contrées montagneuses du pays. Les fortes chutes de neige apportent avec elles leur lot de désagréments. Il en est ainsi à l'occasion de la récente tempête exceptionnelle qui s'est abattue sur le pays. Des villages entiers sont coupés du monde, loin des yeux des responsables. Une virée sur les hauteurs de l'Akfadou qui surplombe la vaste vallée de la Soummam nous a permis de constater le double visage de la poudreuse. Autrement dit, la neige en «noir et blanc»... Si l'avènement de la neige met du baume dans les cœurs, il n'en est pas de même dans certaines contrées montagneuses du pays. Les fortes chutes de neige apportent avec elles leur lot de désagréments. Il en est ainsi à l'occasion de la récente tempête exceptionnelle qui s'est abattue sur le pays. Des villages entiers sont coupés du monde, loin des yeux des responsables. Une virée sur les hauteurs de l'Akfadou qui surplombe la vaste vallée de la Soummam nous a permis de constater le double visage de la poudreuse. Autrement dit, la neige en «noir et blanc»... La célébration de la fête religieuse du Mawlid Ennabaoui s'est faite dans des conditions toutes particulières en Kabylie. Dame Nature en a décidé autrement en emmitouflant des régions entières sous son manteau blanc. Un spectacle, certes féerique, mais sans compter le lot de désagréments ajouté au quotidien des villageois et les montagnards des régions reculées déjà assez éprouvés par les problèmes et contraintes qu'ils endurent durant les journées ordinaires. En effet, les fortes chutes de neige survenues ces derniers jours, descendues jusqu'aux plus basses altitudes, accompagnées par des températures sensiblement basses, ont engendré des désagréments très importants. Pénurie de gaz butane, coupures des réseaux téléphonique et électrique, rareté des denrées alimentaires, notamment le pain et le lait, transport quasiment bloqué sont autant de problèmes auxquels ont dû faire face les villageois et montagnards, les autorités locales accusant un manque flagrant en moyens matériels et humains pour pouvoir secourir ces populations en détresse. Les petits engins, chasse-neige et autres camions des communes concernées ont consenti des efforts considérables pour libérer les tronçons routiers les plus élémentaires, laissant les villageois des hautes montagnes livrés à eux-mêmes. Les monts de l'Akfadou et les massifs d'Adekar et les multiples villages de Chellata à Akbou qui culminent à plus de 1.000 mètres d'altitude dans la wilaya de Béjaïa ainsi que les bourgades montagnardes de Yakouren, pour ne citer que ceux-là, ont vécu le cauchemar durant les journées de la fête du Mawlid et celles qui l'ont suivi à cause des amoncellements de poudreuse les rendant inaccessibles même à pied. Les habitants de ces villages sinistrés n'ont dû leur salut qu'au déploiement des troupes de l'Armée nationale populaire (ANP) qui ont ramené engins et nourriture pour secourir les populations ne pouvant même plus sortir de chez elles. Pour illustrer la détresse de ces montagnards, un groupe de villageois d'un bourg perché sur les hauteurs de la commune d'Akfadou ont dû parcourir plusieurs kilomètres, de nuit sous la neige battante, pour transporter une femme à deux doigts d'accoucher. N'était-ce la solidarité de ces humbles villageois, la femme aurait succombé à son malheur, les températures ayant frôlé les 10 degrés sous le zéro. Une autre personne, policier communal de son état, a péri gelé dans la forêt, surpris qu'il était par l'étendue des neiges et le froid glacial. Le cadavre de l'infortuné, égaré dans le vaste massif en question a été découvert le lendemain sans vie. Les exemples sont nombreux mais contentons-nous de citer ces quelques anecdotes qui renseignent sur le malheur et le désarroi des montagnards de Kabylie suite à cette tempête de neige exceptionnelle et pour le moins inattendue. Le diktat des commerçants Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Cette citation s'applique parfaitement à la situation qui a prévalu en Kabylie – dans les autres régions certainement – suite aux fortes chutes de neige. En effet, si la baguette de pain se fait rare, entre pénurie et affolement des citoyens qui en achètent en grandes quantités, le sachet de lait lui se fait désirer durant toutes les journées de la tempête de neige. Des chaînes interminables se sont constituées devant les vendeurs de ces denrées alimentaires essentielles. Certains marchands honnêtes procèdent au rationnement pour permettre à un grand nombre de s'en munir. D'autres, rusés et indélicats, font dans la rétention pour vendre lesdits sachets de lait, soit selon les têtes des clients, soit en augmentant le prix de l'unité. Ainsi, le sachet de lait est écoulé à 35 voire 40 dinars dans certaines localités. Même le marchand de bottes en caoutchouc très prisées par ces temps de neige et de grands froids a fait des siennes. Cédées habituellement à 200 et 250 DA, ledit marchand réclame désormais de 400 à 600 DA la paire de ces couvre-pieds. Les bonbonnes de butane dans la totalité des villageois de Kabylie dépourvus de raccordements au gaz naturel et qui reste l'atout majeur des potentiels candidats aux élections législatives et locales prochaines, sont devenues un luxe. Les plus téméraires des villageois, encore dotés de véhicules puissants, sillonnent les différentes pompes à essence de la wilaya pour espérer ramener une bonbonne ou deux au plus. Nul besoin de s'attarder sur son prix qui a doublé dans certains villages reculés, la pénurie a contraint les villageois de recourir au bois pour se chauffer et mijoter les plats pour se nourrir. Encore là, la solidarité ancestrale de ces humbles montagnards a su atténuer la gravité de la situation. Walid, un jeune homme de 27 ans au plus, camionneur de son état, a mis à la disposition de son village dit Irouflène à quelque 5 kilomètres du chef-lieu de daïra de Sidi Aïch (Béjaïa), incarne héroïquement ce sens de la solidarité et de la compassion. Il a ramassé toutes les bonbonnes vides de tous les villageois, parcouru plusieurs kilomètres et revenu chargé de bonbonnes pleines cédées à leurs propriétaires au prix de revient, c'est-à-dire sans prendre sa commission en dépit du danger et des efforts qu'il a dû déployer pour ce faire. La fête malgré la tempête ! En dépit des désagréments et des contraintes innombrables endurés à cause des fortes chutes de neige et des températures glaciales, les villageois n'ont pas manqué de célébrer la fête du Mawlid Ennabawi et par là-même profiter de l'abondance de la poudreuse. Les enfants couverts de toutes sortes d'habits d'hiver, de leurs manteaux les plus chauds et imperméables, de bottes et de gants et autres ont merveilleusement animé les débats à travers des jets de boules de neige et de bonhommes de neige construits avec doigté. Des familles entières, oubliant un instant les vicissitudes de leur quotidien difficile, sont sorties dans la rue se baladant à travers les champs drapés de neige, profitant de ce spectacle fantastique. Prises de photos de souvenirs et jets cordiaux de boules de neige, l'heure est à la joie de voir la neige survenir après un mois de janvier particulièrement sec. Il est vrai cependant qu'une chute de neige d'une telle ampleur n'a pas été ressentie depuis 2004. De jeunes audacieux, ne se souciant aucunement du froid et de la neige battante, se promènent avec leurs chiens dans les bois environnants à la recherche d'éventuels gibiers. Les lièvres, les perdrix, les grives constituent généralement le lot de leur journée de chasse. C'est ainsi qu'en soirée, des groupuscules de jeunes s'installent autour d'un feu flambant de tout bois, pour savourer une belle fin de journée, avec en prime des repas copieux faits de la bonne et précieuse chair de lièvres et de perdrix cuits au feu de braise. L'ambiance est conviviale, d'autant que la «soirée» est ouverte à toutes les franges de la société, au grand bonheur des petits gamins qui en abusent parfois jusqu'à susciter le courroux de leurs aînés. En somme, les villageois profitent amplement de la venue de la neige, synonyme d'une bonne saison agricole mais aussi de la disponibilité de l'eau potable pour l'été, mais s'arment également de patience et de courage pour faire face aux multiples désagréments qu'elle leur cause. La célébration de la fête religieuse du Mawlid Ennabaoui s'est faite dans des conditions toutes particulières en Kabylie. Dame Nature en a décidé autrement en emmitouflant des régions entières sous son manteau blanc. Un spectacle, certes féerique, mais sans compter le lot de désagréments ajouté au quotidien des villageois et les montagnards des régions reculées déjà assez éprouvés par les problèmes et contraintes qu'ils endurent durant les journées ordinaires. En effet, les fortes chutes de neige survenues ces derniers jours, descendues jusqu'aux plus basses altitudes, accompagnées par des températures sensiblement basses, ont engendré des désagréments très importants. Pénurie de gaz butane, coupures des réseaux téléphonique et électrique, rareté des denrées alimentaires, notamment le pain et le lait, transport quasiment bloqué sont autant de problèmes auxquels ont dû faire face les villageois et montagnards, les autorités locales accusant un manque flagrant en moyens matériels et humains pour pouvoir secourir ces populations en détresse. Les petits engins, chasse-neige et autres camions des communes concernées ont consenti des efforts considérables pour libérer les tronçons routiers les plus élémentaires, laissant les villageois des hautes montagnes livrés à eux-mêmes. Les monts de l'Akfadou et les massifs d'Adekar et les multiples villages de Chellata à Akbou qui culminent à plus de 1.000 mètres d'altitude dans la wilaya de Béjaïa ainsi que les bourgades montagnardes de Yakouren, pour ne citer que ceux-là, ont vécu le cauchemar durant les journées de la fête du Mawlid et celles qui l'ont suivi à cause des amoncellements de poudreuse les rendant inaccessibles même à pied. Les habitants de ces villages sinistrés n'ont dû leur salut qu'au déploiement des troupes de l'Armée nationale populaire (ANP) qui ont ramené engins et nourriture pour secourir les populations ne pouvant même plus sortir de chez elles. Pour illustrer la détresse de ces montagnards, un groupe de villageois d'un bourg perché sur les hauteurs de la commune d'Akfadou ont dû parcourir plusieurs kilomètres, de nuit sous la neige battante, pour transporter une femme à deux doigts d'accoucher. N'était-ce la solidarité de ces humbles villageois, la femme aurait succombé à son malheur, les températures ayant frôlé les 10 degrés sous le zéro. Une autre personne, policier communal de son état, a péri gelé dans la forêt, surpris qu'il était par l'étendue des neiges et le froid glacial. Le cadavre de l'infortuné, égaré dans le vaste massif en question a été découvert le lendemain sans vie. Les exemples sont nombreux mais contentons-nous de citer ces quelques anecdotes qui renseignent sur le malheur et le désarroi des montagnards de Kabylie suite à cette tempête de neige exceptionnelle et pour le moins inattendue. Le diktat des commerçants Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Cette citation s'applique parfaitement à la situation qui a prévalu en Kabylie – dans les autres régions certainement – suite aux fortes chutes de neige. En effet, si la baguette de pain se fait rare, entre pénurie et affolement des citoyens qui en achètent en grandes quantités, le sachet de lait lui se fait désirer durant toutes les journées de la tempête de neige. Des chaînes interminables se sont constituées devant les vendeurs de ces denrées alimentaires essentielles. Certains marchands honnêtes procèdent au rationnement pour permettre à un grand nombre de s'en munir. D'autres, rusés et indélicats, font dans la rétention pour vendre lesdits sachets de lait, soit selon les têtes des clients, soit en augmentant le prix de l'unité. Ainsi, le sachet de lait est écoulé à 35 voire 40 dinars dans certaines localités. Même le marchand de bottes en caoutchouc très prisées par ces temps de neige et de grands froids a fait des siennes. Cédées habituellement à 200 et 250 DA, ledit marchand réclame désormais de 400 à 600 DA la paire de ces couvre-pieds. Les bonbonnes de butane dans la totalité des villageois de Kabylie dépourvus de raccordements au gaz naturel et qui reste l'atout majeur des potentiels candidats aux élections législatives et locales prochaines, sont devenues un luxe. Les plus téméraires des villageois, encore dotés de véhicules puissants, sillonnent les différentes pompes à essence de la wilaya pour espérer ramener une bonbonne ou deux au plus. Nul besoin de s'attarder sur son prix qui a doublé dans certains villages reculés, la pénurie a contraint les villageois de recourir au bois pour se chauffer et mijoter les plats pour se nourrir. Encore là, la solidarité ancestrale de ces humbles montagnards a su atténuer la gravité de la situation. Walid, un jeune homme de 27 ans au plus, camionneur de son état, a mis à la disposition de son village dit Irouflène à quelque 5 kilomètres du chef-lieu de daïra de Sidi Aïch (Béjaïa), incarne héroïquement ce sens de la solidarité et de la compassion. Il a ramassé toutes les bonbonnes vides de tous les villageois, parcouru plusieurs kilomètres et revenu chargé de bonbonnes pleines cédées à leurs propriétaires au prix de revient, c'est-à-dire sans prendre sa commission en dépit du danger et des efforts qu'il a dû déployer pour ce faire. La fête malgré la tempête ! En dépit des désagréments et des contraintes innombrables endurés à cause des fortes chutes de neige et des températures glaciales, les villageois n'ont pas manqué de célébrer la fête du Mawlid Ennabawi et par là-même profiter de l'abondance de la poudreuse. Les enfants couverts de toutes sortes d'habits d'hiver, de leurs manteaux les plus chauds et imperméables, de bottes et de gants et autres ont merveilleusement animé les débats à travers des jets de boules de neige et de bonhommes de neige construits avec doigté. Des familles entières, oubliant un instant les vicissitudes de leur quotidien difficile, sont sorties dans la rue se baladant à travers les champs drapés de neige, profitant de ce spectacle fantastique. Prises de photos de souvenirs et jets cordiaux de boules de neige, l'heure est à la joie de voir la neige survenir après un mois de janvier particulièrement sec. Il est vrai cependant qu'une chute de neige d'une telle ampleur n'a pas été ressentie depuis 2004. De jeunes audacieux, ne se souciant aucunement du froid et de la neige battante, se promènent avec leurs chiens dans les bois environnants à la recherche d'éventuels gibiers. Les lièvres, les perdrix, les grives constituent généralement le lot de leur journée de chasse. C'est ainsi qu'en soirée, des groupuscules de jeunes s'installent autour d'un feu flambant de tout bois, pour savourer une belle fin de journée, avec en prime des repas copieux faits de la bonne et précieuse chair de lièvres et de perdrix cuits au feu de braise. L'ambiance est conviviale, d'autant que la «soirée» est ouverte à toutes les franges de la société, au grand bonheur des petits gamins qui en abusent parfois jusqu'à susciter le courroux de leurs aînés. En somme, les villageois profitent amplement de la venue de la neige, synonyme d'une bonne saison agricole mais aussi de la disponibilité de l'eau potable pour l'été, mais s'arment également de patience et de courage pour faire face aux multiples désagréments qu'elle leur cause.