Les fondements de base de tous les partis politiques algériens demeurent, à ce jour, la Déclaration du 1er Novembre 1954. Un texte de référence, qualifié de projet de société et un patrimoine de tous les Algériens. Les leaders des partis politiques, qu'ils soient de mouvance démocratique ou islamiste, disent tous qu'ils se sont inspirés de la Déclaration du 1er Novembre 1954. Mais concrètement, quelle est la place de l'histoire de l'Algérie dans les programmes de ces partis politiques ? La réponse est toute simple : ils sont rares, les partis politiques qui mettent en ligne de mire la question de l'histoire. La preuve a été donnée hier, le 19 mars, date importante dans l'histoire de l'Algérie ; il s'agit de la célébration du cinquantenaire des Accords d'Evian et du cessez-le-feu ayant précédé l'indépendance de notre pays, sur laquelle les partis politiques ont fait l'impasse. A l'exception peut-être du FLN qui a rendu public un communiqué, les autres partis se sont «abstenus». Les partis politiques s'en défendent, arguant que la Révolution algérienne est au cœur de leur programme. «Nous rendons hommage à nos martyrs dans chacune de nos sorties. L'histoire de l'Algérie fait partie de la formation de notre jeunesse. Seulement, contrairement à certains partis, nous ne faisons pas de cette question un fonds de commerce», explique Abderezak Mokri, membre influent du MSP. Pour ce dernier, la Guerre de Libération a une place considérable dans le programme du MSP, d'autant plus que parmi les dirigeants du mouvement figurent des moudjahidine et des fils de chouhada. Même discours chez nombre de partis politiques. Toutefois, la plupart, comme le MSP, incriminent les acteurs et les témoins de la Révolution qui ont refusé d'écrire l'histoire. Aïssa Kassa, porte-parole du FLN, avoue qu'en termes d'enseignement de l'histoire, un immense effort est à faire. Il affirme que le FLN réserve tout un programme à l'histoire et ce, contrairement aux autres partis, «notamment le plus vieux parti de l'opposition», allusion au FFS. Aïssa Kassa estime que «le FLN est la seule formation qui traite de l'histoire. Nous avons un module concernant le statut du FLN et un autre portant sur la Guerre de Libération». Certains partis politiques admettent que leur programme surfe sur la question de l'histoire, sans plus… Dans une de ses sorties, Moussa Touati, président du FNA, ose une comparaison entre les «hommes» qui ont conduit la Révolution algérienne et ceux qui ont fait la guerre aux Algériens durant la décennie noire. Pour Moussa Touati, leur point commun est la hogra et l'analphabétisme… Sans commentaire ! Les partis politiques parlent, certes, de l'histoire en rendant seulement hommage aux martyrs. Le FLN, par la voix de M. Kassa, critique le système qui a failli dans sa mission en favorisant, après l'indépendance, les sciences naturelles au détriment des sciences humaines. De son avis, le désintérêt de nos jeunes par rapport à l'histoire est l'une des carences de notre système éducatif. «L'absence de méthode pédagogique dans les manuels scolaires et de débat public est un des éléments qui poussent les jeunes à détester l'histoire, d'où le recours aux médias étrangers dont nous devenons tributaires de leur contenu», avoue notre interlocuteur. Ce dernier rappelle qu'il y a une année, les partis de l'Alliance présidentielle (FLN, RND, MSP) avaient tracé les contours d'un programme sur l'histoire. «Ce projet est tombé à l'eau car le MSP a failli à ses engagements», déplore notre interlocuteur. Il est, par ailleurs, regrettable de constater qu'une majorité des militants et adhérents de partis politiques ignorent le contenu de la Déclaration du 1er Novembre, document de référence revendiqué pourtant comme tel par les états-majors des mêmes partis.