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Comment est enseignée la guerre de libération dans les écoles ?
Principal événement fondateur de l'état algérien
Publié dans La Tribune le 05 - 07 - 2008

«L'Histoire est une galerie de tableaux où il y a peu d'originaux et beaucoup de copies», dixit Alexis de Tocqueville La guerre de libération nationale (1954-1962), de l'avis de nombreux historiens et chercheurs, constitue le principal événement fondateur de l'Etat national qui émerge avec l'indépendance du pays. Ainsi, pour Hassan Remaoun, sociologue-historien à l'université d'Oran et au CRASC, la guerre de libération nationale qui allait clore la période de colonisation française constitue le fait majeur dans la structuration de la conscience nationale en Algérie. «C'est ce qui explique que les programmes officiels d'enseignement de l'histoire dans le pays la mettent particulièrement en exergue, en lui assignant une place de choix par rapport à d'autres séquences de l'histoire nationale et même universelle», souligne M. Remaoun.
En ce 46e anniversaire de l'indépendance nationale, nous avons jugé utile de traiter le sujet de l'enseignement de la guerre de libération dans nos écoles, CEM et lycées. De la période dite d'école fondamentale qui va de 1976 à 2002, année de la réforme du système éducatif, l'Algérie, indique M. Remaoun, dispensait un enseignement spécifique d'histoire à partir de la 5e AF jusqu'à la 3e AS. Réparti en 8 programmes sur toute l'année, l'enseignement portait, selon le professeur d'histoire, sur ce qui suit : en 5e AF, le programme est consacré exclusivement à la guerre de libération nationale ; en 6e AF, il cible aussi exclusivement l'Algérie, mais en s'intéressant à la période coloniale jusqu'à la veille de la guerre (1830-1954) ; en 7e, 8e et 9e AF, sont respectivement abordés l'Antiquité (jusqu'à l'émergence de l'islam au VIIe siècle), le Moyen Âge, la Renaissance européenne ainsi que le démarrage de l'entreprise coloniale, et, enfin, l'histoire moderne et contemporaine.
Au lycée, il est question en 1re et 2e AS de l'histoire moderne et contemporaine (du XVIe siècle à la Première Guerre mondiale) ; en 3e AS, est relatée de l'évolution au XXe siècle (depuis l'entre-deux-guerres) et de grandes aires de civilisation. L'enseignement d'histoire était dispensé à raison d'une heure par semaine en 5e et 6e AF, et de 2 à 3 heures (selon les filières) dans les autres classes.
Dans l'ancien système, le manuel de la 5e AF comprend dix-sept leçons, dont les trois premières constituent une initiation méthodologique à des enfants abordant pour la première fois la discipline de l'histoire. Les quatorze leçons restantes et l'annexe sont consacrées à la guerre d'Algérie. Elles portent sur le 1er Novembre, le FLN, les événements du 20 Août 1955, le Congrès de la Soummam, l'Armée de libération nationale, les manifestations de décembre 1960, etc.
En 9e AF, le manuel traite de la période qui va du XVIe siècle à nos jours, et surtout de l'Algérie, puisque 18 chapitres lui sont consacré, dont 7 relatant de la période coloniale jusqu'à la veille de 1954.
Des changements dans les nouveaux manuels
«Déjà en 1992, les élèves avaient pour la première fois accès à une présentation [positive] des biographies de Messali Hadj, de Ferhat Abbas et des noms des dirigeants du FLN ayant survécu à la guerre, qui constituait jusque-là un tabou, comme c'est le cas pour Boudiaf, Rabah Bitat, Krim Belkacem, Aït Ahmed, Benbella, Khider, Benkhedda, Boussouf et Ouamrane», souligne M. Remaoun, qui ajoute que, jusque-là, nous avions affaire à une histoire à la fois héroïque et anonyme où n'étaient citées que les personnalités tombées en «martyr», ou à la période antérieure à la guerre où les noms des responsables de l'Association des uléma étaient évoqués. Dans les nouveaux manuels, la guerre de libération est enseignée en 3e AP, 5e AP, 4e AM et 3e AS. En 3e AP, on enseigne l'histoire du déclenchement de la révolution algérienne, son déroulement et ses résultats. Dès la dernière décennie d'exercice de l'ancien système d'enseignement, déclare M. Remaoun, des changements avaient commencé à être introduits dans le contenu du manuel scolaire. Dans le nouveau système, l'enseignement de la guerre de libération commence à la 3e AP, c'est-à-dire aux enfants âgés de 8 à 9 ans, et on l'aborde de nouveau en 5e AP après avoir présenté en 4e AP puis au début de 5e AP une histoire nationale s'étalant de la préhistoire et de l'Antiquité berbère jusqu'à la période coloniale pour introduire ensuite l'événement dans cette profondeur et montrer la continuité après l'indépendance du pays.
Dans l'ancien programme, selon notre interlocuteur, les luttes politiques menées contre le système colonial dans le cadre du Mouvement national étaient déconsidérées et marginalisées et n'étaient valorisées que l'action du mouvement des uléma. «Des changements importants sont donc apparus dans les nouveaux programmes pour une meilleure mise en évidence de tout ce qui, dans l'histoire nationale, aurait précédé la date du 1er Novembre 1954», précise M. Remaoun.
Avec les nouveaux programmes, affirme le chercheur du CRASC, on va aborder l'action des autres partis constitutifs du Mouvement national jusqu'à la veille de 1954 (PPA, MTLD, AML, UDMA, PCA), et restituer les origines du FLN depuis les précurseurs de l'Organisation spéciale (0S) et du Comité des «22» jusqu'aux responsables qui se sont retrouvés au premier plan par leur action militaire et politique jusqu'en 1962, en abordant même la période de l'indépendance. «Malgré cela, les tabous ne sont, cependant, pas tout à fait levés», regrette-t-il. Ainsi, si la photo d'Abane Ramdane, par exemple, apparaît trois fois dans les livres de la 4e AM, son nom n'est cité nulle part. «C'est déjà mieux que dans l'ancien manuel de 5e AF qui annonçait, conformément à ce qu'avait publié El Moudjahid, sa mort en “martyr”, à la frontière marocaine», affirme-t-il.
La culture de l'anonymat
Dans l'enseignement de l'histoire de la guerre de libération, il y a le rapport à la culture de l'anonymat «acquise, sans doute, dans l'expérience de la clandestinité au sein du Mouvement national, de l'OS, du FLN, et dans la jeunesse des dirigeants, confrontés à la répression et aux luttes internes qui se sont traduites notamment par la rupture en 1954 avec le “père fondateur”, Messali El Hadj, ainsi que les enjeux de pouvoir durant la guerre et après l'indépendance», affirme l'historien. C'est certainement de là que découlent le credo et la devise officiels «par le peuple et pour le peuple» ou encore «un seul héros, le peuple».
Dans les programmes les plus récents, on a ainsi cherché à mieux expliquer aux jeunes générations la contribution à l'émergence d'une conscience nationale, construite par les différentes composantes et les partis politiques agissant au sein du Mouvement national. «On a voulu aussi présenter la guerre de libération à travers toutes ses caractéristiques, militaires et politiques», indique M. Remaoun. La marginalisation des luttes menées par les associations et partis politiques depuis leur apparition dans l'entre-deux-guerres et jusqu'en 1954, affirme notre interlocuteur, se traduit aussi par le peu d'informations données dans les différents manuels sur les diverses personnalités ayant eu à jouer un rôle de premier plan. «Cette tendance à l'histoire anonyme est encore plus frappante dans la guerre de libération nationale ; la règle consiste à ne citer que les noms de ceux qui sont morts avant l'indépendance, quitte à déformer les faits, et jamais ceux ayant joué un rôle important ou survécu à la guerre.»
C. B.


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