L'opération de relogement des 771 familles sinistrées du séisme du 23 mai 2003 s'est déroulée, jeudi dernier, en présence des autorités de la wilaya d'Alger. Les deux sites de relogement devant accueillir les sinistrés sont ceux de Heuraoua et de Bentalha, avec respectivement 256 et 556 familles. La wilaya d'Alger a sorti, à l'occasion, la grosse artillerie pour réussir cette première opération qui s'inscrit dans le cadre d'un plan de relogement qui en compte, selon les responsables de la wilaya, quatre autres. Aussi, quelque 800 camions et pas moins de 3000 agents des différentes Epics de la wilaya ont été réquisitionnés. Le wali d'Alger, M. Addou était de la partie pour chapeauter l'opération en compagnie de ses deux commis que sont les walis délégués de Rouiba et de Baraki dont dépendent les deux sites en question. Il donnera, à cet effet, des instructions pour « décongestionner la circulation qui gênait quelque peu le déroulement de l'opération ». De plus, le wali rappellera que l'opération de relogement des sinistrés du séisme connaîtra sa vitesse de croisière dans les prochains jours. M. Marès, conseiller du wali d'Alger, s'est fait fort d'accompagner les journalistes présents. Une certaine allégresse mêlée d'appréhension était perceptible et le temps n'a fait qu'accentuer ce sentiment. Des agents portant chacun l' « effigie » de son entreprise s'affairaient à décharger les camions qui formaient une procession démesurée. Des youyous fusaient par moment des balcons. Il est à noter, que pour les deux sites, les logements sont pour 40% de type F4, 40% de type F3, le reste, soit 20%, de type F2. Mohamed Smaïl, directeur du logement à la wilaya d'Alger, affirmera, lors du point de presse à la veille de l'opération, que ces logements (type F2), décriés par le président de la République lui-même, ont été prévus en 2003, « bien avant que les autorités ne décident de les bannir ». Le directeur ne manquera pas de signaler, comme pour balayer les craintes qui se feront insistantes, que le taux d'occupation des logements par personne (TOP) est respecté suivant, en cela, les normes internationales. Affirmations contestées « Les autorités n'ont pas tenu leurs promesses, elles qui logent dans des pavillons. Qu'ont-elles à faire des pauvres bougres ? », affirme cette dame qui se dit ne pas être des sinistrés du séisme du 23 mai. « Nous sommes des victimes des inondations de Bab El Oued. C'est dire la lenteur qui a empreint l'achévement du projet des logements destinés aux sinistrés », affirme-t-elle. « On a été empaqueté pendant deux ans avec 17 autres familles dans un hangar au Ruisseau avant de nous loger dans des tentes où est morte ma fille d'un cancer. Mon fils, quant à lui, a été expulsé de la maison familiale démolie et se trouve dans un hôtel avec sa femme et son enfant. Je préfère retourner dans mon chalet de Dergana que j'occupais. Notre voisin, une famille de 4 personnes a bénéficié d'un F4 », relève-t-elle en pleurs. Le mari, de son côté regrette : « Ils disent que les handicapés et les vieilles personnes logeront au rez-de-chaussée. Ce n'est pas vrai pour mon cas. » Le site de Heuraoua situé non loin de la ville de Réghaïa est doté, nous signale-t-on, de « toutes les commodités » tels l'électricité et le gaz. M. Marès indiquera qu'un marché de proximité, des aires de jeu et des locaux commerciaux ont également été prévus. Le directeur de l'Opgi de Dar El Beïda qui gère les immeubles construits par l'entreprise Cosider nous signalera que le site contient en totalité 450 logements. 102 habitations dont le taux d'avancement est de 90% sont, pour cela, en cours de réalisation et les cas sociaux de la commune « pour ne pas se sentir lésés en bénéficieront », comme promis par les responsables de la wilaya. « Ce seront en définitive des logements sociaux », attestera, de son côté Boubekeur Abdelmalek, wali délégué de la circonscription de Rouiba. S'agissant des recours remis aux commissions installées sur le site, notre interlocuteur dira qu'une seule requête a été déposée concernant les F2, vers11h. M. Boubekeur relèvera, par ailleurs, que l'éclatement des familles qui en est la cause sera pris en compte dans les phases ultérieures. Par ailleurs à Bentalha, des annexes des différents services ont été installées au rez-de-chaussée des immeubles. Le gaz n'est pas disponible, comme partout ailleurs dans cette localité longtemps délaissée. « La bonbonne fera à coup sûr son apparition », signalent des bénéficiaires. « Les problèmes ne manqueront pas et ce n'est pas les aires de jeu et les quelques commodités qui y changeront quelque chose », s'insurge un bénéficiaire. Une certaine précipitation a marqué cette opération, de l'aveu même des responsables. Les enfants scolarisés auxquels on fait subir une énième déchirure et les lycéens devront prendre leur mal en patience. Ils seront astreints, pour ces derniers, à se déplacer, signale M. Lebka, wali délégué de la circonscription, vers Baraki et Sidi Moussa avec tous les désagréments que l'on sait. « Les écoles déjà délabrées seront prises d'assaut », attestent les citoyens de la commune. Le wali délégué rappellera, par ailleurs, que quelque 25 recours ont été déposés sur le bureau des commissions. « Les commissions qui nous ont dit revenir la semaine prochaine, nous négligeront, une fois ce tapage passé », s'insurge une dame, contrainte d'abandonner son travail, vu l'éloignement du lieu de travail. Le problème récurrent du transport revient, en outre, dans la bouche des bénéficiaires.