A trois jours du début officiel de la campagne électorale, rien ne semble prêt. Des retards, des échanges d'accusations et une confusion sur les attributions de chaque intervenant dans le processus de surveillance des élections législatives du 10 mai prochain : c'est le grand cafouillage. La Commission nationale indépendante de surveillance a repris ses travaux mercredi dernier, après un gel de plusieurs jours. Ces suspensions récurrentes sont devenues un procédé pour réclamer des comptes au ministère de l'Intérieur, ce qui a d'ailleurs provoqué la colère de Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales : «La loi n'a pas prévu que la Commission nationale indépendante de surveillance des élections législatives fasse grève. La Cnisel n'est pas un syndicat.» Depuis son installation, la commission ne cesse d'accuser le ministère de l'Intérieur de bloquer son action et le bras de fer est allé jusqu'à nécessiter l'intervention du président Bouteflika. La commission, à la veille de l'entame de la campagne, n'a toujours pas reçu les listes des candidats, selon Mohamed Seddiki, le président de la commission. Ce qui, logiquement, ne laissera pas le temps à la commission d'éplucher les listes. L'autre problème soulevé par la commission est d'ordre technique, puisque, jusqu'à présent, le ministère de l'Intérieur n'a toujours pas envoyé les caractéristiques des affiches promotionnelles des candidats. Et alors que les panneaux dédiés à cet effet sont en cours d'installation à travers le pays, des affiches ont déjà été collées dans certaines communes de l'Algérois. Cela s'ajoute à la problématique du bulletin unique et de l'inscription en masse des militaires sur le fichier électoral. «Il y a comme une volonté de gêner le travail de la commission pour la détourner de sa mission de contrôle et la reléguer ainsi au statut de simple observateur», commente un membre de la commission. Le ministère de l'Intérieur pour sa part ne lâche pas. «Seule l'administration conserve la mission régalienne d'organiser les phases techniques et administratives des élections. La commission est sortie du contexte de sa mission pour régler un certain nombre de problèmes», avait déclaré Ould Kablia. Pour l'heure, et à défaut d'une communication fiable, puisqu'aucun membre ne répond au téléphone, la commission n'a toujours pas rendu publics les modes d'application et la méthodologie appliquée pour la surveillance de la campagne électorale et le jour du scrutin. La question de la répartition du temps de parole aux candidats dans les médias publics n'aurait pas été suffisamment discutée ou abordée, selon des membres de ladite commission. «Il ne faut pas nous reprocher des choses que nous ne maîtrisons pas, il s'agit de la première commission indépendante de surveillance des élections, nous sommes en train d'apprendre avec nos collègues des autres tendances politiques», confie un membre de la commission.