La Maison du peuple résonne toujours des derniers cris du charismatique Abdelhak Benhamouda, ancien secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), assassiné le 28 janvier 1997, à la sortie du siège de la centrale syndicale. Il fera, dans un ultime sursaut de courage, usage de son arme et blessera l'un des assaillants. Cet horrible attentat sera revendiqué, quelques jours plus tard, par le FIDA dans un communiqué signé sous le pseudonyme d'Ahmed Abou el Fida. La victime, agonisante, aurait déclaré : « Ils nous ont trahis. » De qui parlait-il en fait ? On ne le saura peut-être jamais.Pour son cinquantième anniversaire, la centrale syndicale avait jugé utile de poser sur l'imposant siège du 1er Mai son portrait à côté de celui de Aïssat Idir, fondateur de l'UGTA. Une stèle en sa mémoire a été également érigée à l'endroit même où il a rendu son dernier souffle. Cet enseignant, natif de la ville des Ponts (Constantine) a su gravir à la force de sa volonté les échelons de la Fédération de l'éducation pour tenir en 1990 la barre de la centrale syndicale. Il saura honorer le combat des premiers syndicalistes algériens. Anti-intégriste déclaré, Benhamouda créa, en décembre 1991, en compagnie de quelques amis décidés le Comité national de sauvegarde de l'Algérie (CNSA), qui fera tôt de réclamer l'interruption du processus électoral en 1992. S'accommodant d'un compagnonnage « critique » avec le Pouvoir, dont ne s'est jamais défait la centrale syndicale depuis sa mise sous la « coupe officielle » et ce, après le coup d'Etat de 1965, Benhamouda était, par ailleurs, virulent et intransigeant quant aux revendications des travailleurs, en témoignent ses amis. Son bagout à la Jaurès fera de lui l'un des rares dirigeants aimés et apprécié par la base. Avant son assassinat, Benhamouda aurait voulu créer un parti politique. On l'aurait même approché pour prendre la direction du RND qui sera créé un mois plus tard.