Le commerce du bois affecte gravement le patrimoine forestier de la région, en dépit d'une réglementation rigoureuse protégeant les forêts. Le massif forestier de l'Akfadou, chevauchant les wilayas de Tizi Ouzou et de Bejaia, connaît un triste sort. Objet d'une coupe de bois sauvage, le massif dépérit à vue d'œil, dans l'indifférence des autorités et de la population. La forêt s'étend sur 64 628 ha, dont 10 000 ha dans la wilaya de Tizi Ouzou.Cette forêt, jadis florissante, se réduit dramatiquement, dévastée par des mains criminelles. Les tronçonneuses ronronnent chaque jour dans cette zone verdoyante. Malgré l'arrivée du gaz naturel dans certains villages de la contrée, le déboisement sauvage se poursuit à une cadence inquiétante. A voir le ballet des tracteurs transportant des chargements de jeunes arbres et qui descendent, à la faveur de la nuit, des zones boisées, on s'interroge alors, sur l'absence des services forestiers pour mettre fin à cette destruction. Malgré l'immense travail de la direction de la conservation des forêts de la wilaya de Tizi Ouzou en matière de reboisement, de sensibilisation pour la protection des forêts contre les maladies et les incendies ravageurs, il reste que les moyens mis en œuvre pour endiguer les massacres perpétrés par l'homme sont restés dérisoires et sans effet. Ce n'est pas la coupe des arbres pour l'approvisionnement en bois de chauffage qui fait réellement du mal à cette forêt ; c'est le commerce criminel des «pieds droits», destinés aux chantiers du bâtiment, qui est préjudiciable puisqu'il s'attaque non pas aux grands arbres mais aux jeunes pousses de 15 à 20 cm de diamètre. «Les trabendistes» du bois connaissent bien leur métier. Munis d'un bon (parfois sans) de payement régulier, les autorisant à couper des arbres uniquement pour le bois de chauffage, normalement en présence d'un agent forestier, mais ce n'est pas toujours le cas, les commerçants du chêne zen , avec leurs puissantes tronçonneuses, s'adonnent ensuite à un massacre ininterrompu. Des centaines de jeunes arbres, transformés en pieds droits, seront ensuite acheminés vers les villes et villages et cédés, selon le calibre, entre 600 et 1000 DA l'unité. Aucune saisie et aucune poursuite judiciaire n'ont été opérées ces dernières années par les services forestiers. Il y a quelques années, le cortège d'un ancien wali de Tizi Ouzou, en visite à Mehagga, s'était retrouvé nez à nez avec un tracteur lourdement chargé de bois ; il n'a pas été inquiété. Pourtant, sans autorisation préalable, la loi est bien claire. Des amendes et des peines de prison sont prévues en application de l'article 75 de la loi 84/12 portant régime général des forêts. Malheureusement, cette loi, même appliquée ne compensait pas les pertes inestimables de cet important patrimoine. Cette loi, bien sûr, s'applique à certaines catégories d'arbres protégés comme le cèdre, protégé par la loi 83/03 du 5 février 1983. Au regard du désastre, les peines encourues sont insuffisantes pour ces crimes commis contre l'environnement. Si, dans d'autres pays, la forêt est devenue une préoccupation majeure, en Algérie, les forêts ne sont plus à l'abri. En plus du feu, de la désertification, de l'érosion hydrique et éolienne, le déboisement a accéléré la disparition progressive de ce patrimoine.