Une nouvelle forme de déboisement, à savoir l'abattage sauvage d'arbres, prend de plus en plus de l'ampleur. Au moment où l'on parle d'un vaste programme de reconstitution du tissu forestier en Kabylie, il se trouve que des forêts sont en train de subir une dévastation sans précédent. Que reste-t-il de certains massifs forestiers de la région dont les avantages ne sont pas à démontrer ? En effet, si cette ressource fait l'objet de destruction par incendies parfois volontaires, la nouvelle forme de déforestation, à savoir l'abattage sauvage d'arbres, prend de plus en d'ampleur. En raison de la situation vécue par la localité d'Aït Yahia Moussa, notamment l'insécurité dans ces espaces, des villages entiers se sont donné le droit de défricher des pans entiers pour les accaparer. Effectivement, certains villageois ont même construit sur des terres qui appartiennent au domaine de la conservation forestière. D'autres ont procédé au greffage d'oléastres à l'intérieur de ces mêmes espaces. Seulement, le danger vient de ces personnes qui recourent carrément au commerce du bois. Sachant que les hivers deviennent de plus en plus rudes, cette activité s'est installée dans de nombreuses localités. À Boumahni, à titre d'exemple, des centaines d'arbres sont quotidiennement abattus au su et au vu de tout le monde. À longueur de journées, des bruits de tronçonneuses, parfois industrielles, sont entendus à des kilomètres à la ronde. Ces braconniers enfreignent toute loi protégeant la nature car, à leurs yeux, seul le gain les intéresse. D'ailleurs, aujourd'hui, certains ont même des sous-traitants qu'ils exploitent pour une poignée de dinars. Quelques- uns se sont érigés en maîtres des lieux. On raconte que ces massifs forestiers sont divisés en territoires comme des terrains de chasse. Qui arrêtera ce massacre au quotidien ? Ne faut-il pas réhabiliter le poste de garde champêtre ? En tout cas, chaque jour que Dieu fait, ces grands espaces verts sont massacrés. Des hectares entiers ont subi “une déforestation scandaleuse”. Les comités de village doivent, eux aussi, jouer leur rôle pour limiter un tant soit peu ce massacre. “Dans notre village, des personnes ont abandonné leurs oliveraies pour défricher le massif forestier qui n'est pas le leur pour procéder au greffage d'oliviers sauvages. S'ils veulent vraiment investir dans l'arboriculture, qu'ils le fassent de façon organisée et légale. Seulement, la tradition du squat est maintenant installée dans nos mœurs”, pense un jeune du village d'Aït Houalhadj, dans la commune d'Aït Yahia Moussa. Au rythme où est menée cette déforestation, il ne reste pas beaucoup de temps à la faune et à la flore pour disparaître. En somme, il est temps d'arrêter ce brigandage s'il convient de le nommer ainsi, sinon il ne restera plus rien d'ici quelques années, même les buissons disparaîtront. O. Ghilès