D'une grande humilité, la Moudjahida, Annie Fiorio Steiner, ayant milité dans le FLN, à son corps défendant, n'aime pas être affublé du titre de « héros » de la Révolution (1954-1962). Elle préfère rendre plutôt hommage aux inconnus et autres anonymes morts. Invitée du Forum des médias « Rendez-vous avec la parole » de l'Office national de l'information et de la Culture, mardi après-midi, à la salle Atlas, à Alger, la Moudjahida et militante du FLN, Annie Fiorio-Steiner, avec la journaliste Hafida Ameyar de Liberté-lui ayant consacré un livre-entretien intitulé La Moudjahida Annie Fiorio-Steiner : une vie pour l'Algérie, édité par l'association Les Amis de Abdelhamid Benzine-a réaffirmé son « aversion » pour le mot « héros » et « symboles ». Car elle ne veut pas parler ou mettre en avant sa personne quant à son devoir de battante et comabattante de la Révolution anti-coloniale : «Je voudrais rendre hommage à tous ces inconnus et anonymes. Sans voix ! Qui sont morts en silence. Ces femmes, ces hommes et enfants morts pour l'Algérie dans l'anonymat. Car c'est eux qui nous ont ramené l'indépendance. On ne voulait pas qu'on ait le culte de la personnalité. Ni héros ni symbole !...On s'est battu pour les pauvres mais pas pour les riches…Il est indispensable de respecter notre passé. Sans passé, nous n'avons ni présent ni avenir ! ». Durant plus d'heure, le public est resté «scotché» par les témoignages de Mme Annie Fiorio-Steiner. Elle évoquera son emprisonnement dans trois pénitenciers en Algérie et trois autres en France, la guillotine ambulante, faisant un aller-retour incessant entre Alger, Constantine et Oran, sa grève de la faim, son procès, l'exécution et le courage de Ahmed Zabana et de Fernand Iveton, des sœurs d'armes dans le milieu carcéral, la grève des lycéens et étudiants algériens en 1956, et puis le choix juste de sa cause. «Quand on est incarcérée à la prison de Barberousse, on ne fait pas stage…Les prisons de France étaient normales. Le jour de la commémoration du 1er Novembre (1954), dans la prison de Barberousse ( Serkadji), en 1956, c'était inoubliable ! A minuit, des milliers de mains de détenus applaudissaient dans le silence. Nous avions brisé cet assourdissant silence. Je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi beau dans ma vie. C'était impressionnant. C'était le meilleur 1er Novembre de toute ma vie…». Hafida Ameyar étayera le témoignage de son alter ego, Annie Fiorio-Steiner : « Je suis fière d'avoir travaillé avec Annie Steiner ! ».