La commémoration du 17e anniversaire de la disparition de Mouloud Mammeri continue à Béni Yenni. A l'inauguration de la semaine culturelle jeudi dernier, il y avait un public peu nombreux. Des figures du monde artistique, associatif et universitaire étaient là pour marquer l'événement, mais surtout pour témoigner. La fine couche de neige qui recouvre la région a embelli le décor d'une scène où les acteurs ont lancé l'idée de créer une fondation qui porterait le nom de l'illustre écrivain. L'universitaire Mohamed Lakhdar Maougal affirme : « Il faudrait songer à créer une fondation Mouloud Mammeri pour récolter son héritage, faire rentrer tous les films, les documents et textes faits par lui et sur lui. A mon sens, l'idéal serait que cette fondation ait un siège à Béni Yenni et un autre Alger, car la capitale, c'est important pour raison d'accès. » Le même sentiment est partagé par le chanteur Lounis Aït Menguellet et l'écrivain Younès Adli, invités du comité de village et des membres de l'association Talwit, organisateurs de la manifestation. Mouloud Mammeri est d'une dimension universelle et il faudrait alors le faire sortir de son confinement à certains cercles intellectuels et de la zone géographique dans lequel on voudrait le limiter, a-t-on appelé. De son côté, Abderazak Dourari, directeur du centre national pédagogique et linguistique pour l'enseignement de tamazight, a rappelé la disponibilité de son institution « à collaborer financièrement et intellectuellement à la tenue de colloques et séminaires sur Mouloud Mammeri ». Les idées n'ont pas manqué, les engagements aussi. Durant l'après-midi, les activités se sont poursuivies à Taourirt Mimoun, village natal du père de L'Opium et le bâton. Taâssast, placette du village, s'offre également à la commémoration. Des portraits de Mammeri, du chercheur Mohamed Arkoun et du chanteur Idir ont été inaugurés. Ils sont tous les trois natifs du village, et sont un patrimoine mondial. Sous une tente dressée dans le même endroit, sont exposés les objets artisanaux et les costumes utilisés pour le tournage du film La Colline oubliée. Mais combien de temps tiendront encore ces ustensiles, témoins historiques, et que l'on déplace par occasions, avant de tomber en morceaux ? Taâssast est aussi un passage obligé pour se rendre au domicile des Mammeri. La porte centenaire est fermée et son bois perd de sa vigueur. Entre l'accessoire et l'essentiel, le passé et les horizons, certains ont fait leur choix. Faire d'abord les premiers pas vers la fondation Mammeri. L'hommage se terminera jeudi prochain.