Les métiers liés à la distillation (Teqtar) de l'eau de rose et de fleurs d'oranger, reflétant tout un pan de l'histoire de Constantine, font de la «résistance». Les distillateurs d'arômes de fleurs à Constantine sont confrontés à un problème de pénurie de matières premières, indiquent des artisans spécialisés dans cette activité. «Le béton a eu raison de la majorité des superficies consacrées à la culture de différentes espèces de fleurs et de roses», soutiennent des «qettarine» (distillateurs) rencontrés au 5e Salon national dédié à ce métier ancestral, ouvert dimanche à la maison de la culture Mohamed-Laïd Al Khalifa de Constantine. Les participants à ce Salon national, organisé dans le cadre du mois du patrimoine, ont plaidé pour «la création de pépinières de plants de rosiers et de bigaradiers n'existant actuellement que dans la région de Hamma-Bouziane». La facilitation de l'accès à l'investissement dans cette activité est également souhaitée par les artisans qui prennent part à cet événement culturel visant la préservation de cette tradition encore pratiquée à Constantine et à Blida uniquement. Cette activité éminemment artisanale, connue sur le Vieux Rocher depuis le Xiie siècle, «vit actuellement ses moments les plus difficiles», considère Mohamed-Tahar Djedaâ, l'un des plus anciens artisans s'adonnant à ce métier avec beaucoup de passion et de perfectionnisme. Assis devant son alambic traditionnel tout en cuivre, cet artisan, démontrant avec «l'art et la manière» aux visiteurs du Salon les principales règles à appliquer pour parvenir à une distillation de qualité, estime qu'il est temps de «s'intéresser un peu plus à cette activité qui effectue sa traversée du désert à Constantine». Cet «alchimiste» en distillation des arômes considère que ce métier mérite un «minimum d'égards» de la part des autorités locales car, selon lui, «il ne s'agit pas d'une occupation pour amateurs, mais d'un véritable métier qui permet la production de nectars utilisés pour le traitement de plusieurs maladies». L'eau de fleurs d'oranger a, par exemple, été «utilisée par les anciens pour réguler la tension artérielle», souligne M. Djedaâ qui insiste aussi sur «l'efficacité reconnue de l'eau de rose pour le soin de plusieurs pathologies ophtalmologiques». Plusieurs artisans spécialisés dans les métiers du cuivre, élément indispensable pour la fabrication des alambics, ont été conviés à cette manifestation annuelle à laquelle prennent part des artisans dans la distillation venus des wilayas d'Annaba, de Blida et de Tipasa. Initié par la Chambre de l'artisanat et des métiers (CAM) de la wilaya de Constantine, en coordination avec la direction de la culture et l'association «El Baha» pour la promotion de la culture et de l'artisanat, ce Salon de cinq jours se veut aussi être un «véritable témoin de la mémoire» à même de permettre à ce métier de mieux résister aux effets de la «modernisation», estiment les organisateurs.