A l'issue de l'assemblée générale ordinaire qui s'est tenue le 15 février 2006 à l'hôtel El Aurassi, Omar Ramdane a décidé de se démettre dès juillet prochain de son mandat de président du Forum des chefs d'entreprises. Ce dernier a motivé son geste par des problèmes d'ordre professionnel mais aussi et surtout par une certaine lassitude qu'il attribue au peu de répondant des pouvoirs publics algériens à l'égard des sollicitations et des recommandations exprimées par le Forum dans le strict intérêt des entreprises et de la nation. La liste des recommandations et des doléances restées sans suite est effectivement longue. Elles concernent des problèmes fiscaux, sociaux, le commerce extérieur avec notamment des recommandations précises pour que l'adhésion de l'Algérie à l'OMC et à la Zone de Libre-Echange euro-méditerranéenne ne se transforme pas, comme c'est actuellement le cas en cauchemar pour nos entreprises. Les pouvoirs publics, déplore-t-il, ne nous consultent même pas à la veille de négociations qui concernent pourtant directement nos sociétés. Des décisions préjudiciables sont souvent prises à l'insu des associations patronales et le Forum a eu maintes fois à le déplorer. Le départ de ce charismatique chef d'entreprise, auréolé d'un glorieux passé d'officier de l'Armée de Libération Nationale constituera à l'évidence une perte pour le Forum des Chefs d'Entreprise dont il est, non seulement, un des principaux membres fondateurs, mais aussi et surtout l'éclairé président qui a su maintenir six années durant un certain consensus dans les rangs des plus puissants chefs d'entreprise algériens qui constituent l'association. Le forum secoué Sous sa présidence, le Forum a acquis une réelle notoriété aussi bien en Algérie qu'à l'étranger, en tant que centre de réflexion et force de proposition consulté par les milieux d'affaires en quête d'éclairage sur les possibilités d'investissement dans notre pays. Les études et les réflexions de grande qualité qu'il a réalisées sur l'économie algérienne en général et sur certaines de ses pratiques (économie informelle, contrefaçon, mode de consommation etc.) sont remarquables. Un changement à la tête de la direction du Forum ne constituerait pas selon lui un danger pour l'association, bien au contraire il pourrait, est-il convaincu, lui donner un second souffle à condition que la nouvelle équipe s'attache à trouver des formes de dialogue avec les pouvoirs publics plus efficaces, instaure davantage de discipline parmi ses membres notamment lorsqu'il s'agit de s'acquitter régulièrement des cotisations et d'intensifier le mouvement d'adhésion en tablant sur l'entrée d'une centaine de nouveaux chefs d'entreprise d'ici la fin de l'année. Mais le plus important challenge consistera à préserver le Forum des ingérences et turbulences politiques notamment à la veille d'élections majeures. On a vu comment le Forum a été secoué à l'occasion de la dernière élection présidentielle qui lui a valu la démission d'un certain nombre d'adhérents. Si le Forum doit à l'avenir s'intéresser à la politique, il serait à l'évidence plus utile pour lui de faire dans la cooptation d'hommes politiques capables de représenter et de défendre les intérêts des entreprises, aux différents rouages du pouvoir plutôt que de prendre position dans des choix idéologiques qui risquent de saper la cohésion du mouvement. Rappelons que le Forum des Chefs d'Entreprise compte actuellement 125 membres représentant quelque 200 entreprises et filiales privées et publiques de différents secteurs d'activité. Le chiffres d'affaires réalisé en 2004 par ces entreprises qui emploient quelque 122 000 personnes est d'environ 526 milliards de dinars. C'est dire son importance.