La Russie a insisté hier sur l'organisation au plus vite d'une conférence internationale sur la Syrie, avec la présence controversée de l'Iran, mais a exclu tout recours à la force à l'ONU contre le régime de Damas sur fond d'enlisement du plan de paix de Kofi Annan. «Nous convoquons une conférence sur la Syrie pour mettre en œuvre le plan Annan», a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, au cours d'une conférence de presse, soulignant la nécessité d'inviter tous les pays qui ont de l'influence sur la Syrie. Le ministre a cité les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Chine, Russie), les membres de la Ligue arabe et les pays voisins de la Syrie, comprenant l'Iran dont l'évocation il y a quelques jours à ce sujet a suscité l'opposition de certains Occidentaux. «L'Iran est l'un des pays qui ont une influence sur le gouvernement syrien. Et dire que l'Iran n'y a pas sa place parce qu'il est une partie du problème est pour le moins irréfléchi», a lancé M. Lavrov. «Nous voudrions qu'il y ait une discussion franche permettant de comprendre s'il est réalisable de se mettre d'accord sur des mesures coordonnées (...) concernant le gouvernement et tous les groupes de l'opposition» syrienne, a poursuivi le chef de la diplomatie russe, soulignant que cette conférence devait être organisée «le plus vite possible». Paris, Washington et Londres avaient refusé mercredi d'associer l'Iran à une conférence sur la Syrie lors d'une réunion internationale sur la crise syrienne à Istanbul. Favorable au départ d'Al Assad si… Les Etats-Unis, mais aussi le Conseil national syrien, principale coalition de l'opposition, ont accusé l'Iran d'ingérence dans les affaires syriennes, en fournissant à Damas une aide militaire. Lavrov a par ailleurs rappelé que Moscou s'opposerait à tout recours à la force contre son allié syrien devant le Conseil de sécurité de l'ONU, estimant qu'une telle initiative «entraînerait des conséquences gravissimes pour toute la région du Proche-Orient». Une éventuelle intervention armée en Syrie «risque de créer une zone d'instabilité de la Méditerranée au Golfe» et de créer une menace de «confrontation sunnites-chiites» dans la région, a-t-il dit. La Russie a déjà bloqué deux résolutions au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression en cours depuis plus d'un an en Syrie, pays auquel Moscou continue de vendre des armes en dépit des protestations de puissances occidentales et d'organisations non gouvernementales. Mais Moscou a pris ses distances avec Assad ces dernières semaines et verrait d'un bon œil le président syrien quitter le pouvoir si le peuple en décidait ainsi, a observé M. Lavrov. «Si les Syriens eux-mêmes tombent d'accord sur ce point, nous ne pourrons que soutenir avec joie une telle solution», a déclaré M. Lavrov, alors que les Occidentaux réclament avec insistance le départ de Bachar Al Assad.