[image] Par Moumene Belghoul La Russie n'autorisera pas le recours à la force contre la Syrie, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qualifiant ce scénario, s'il venait à se réaliser, de «catastrophique». Un tel scénario entraînerait des conséquences gravissimes pour toute la région du Proche-Orient, estiment les Russes, dont le pays est membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. «Nous sommes inquiets de la réaction de certains acteurs extérieurs qui soutiennent ouvertement les unités armées et demandent en même temps à la communauté internationale des actes concrets pour changer le régime en Syrie», a souligné Lavrov. La critique est explicitement adressée à des parties qui poussent les opposants au régime à militariser leur contestation. «Pour la première fois depuis le début de la crise, la question d'une intervention militaire se pose de manière aiguë et émotionnelle», dira le chef de la diplomatie russe, estimant que le plan de paix de l'émissaire international pour la Syrie, Kofi Annan, peinait à être appliqué. «J'observe que le plan de Kofi Annan commence à s'enliser. Nous ne pouvons pas admettre cela. Nous ne voyons pas d'alternative à l'application de ce plan», insistera Lavrov, dont le pays a déclaré soutenir le départ du président syrien Bachar al-Assad si telle est le souhait unanime des Syriens. «Si les Syriens eux-mêmes tombent d'accord sur ce point, nous ne pourrons que soutenir avec joie une telle solution», dira Lavrov. D'un autre coté, Lavrov adressera des critiques à ceux qui veulent exclure l'Iran d'une conférence internationale sur la Syrie proposée par Moscou, alors qu'une telle participation est singulièrement rejetée par plusieurs capitales occidentales. «L'Iran est l'un des pays qui ont une influence sur le gouvernement syrien», dira-t-il. «Nous voudrions qu'il y ait une discussion franche permettant de comprendre s'il est réalisable de se mettre d'accord sur des mesures coordonnées (...) concernant le gouvernement et tous les groupes de l'opposition», poursuivra le chef de la diplomatie russe pour qui une solution politique est possible dans l'actuel chaos syrien. Washington, Londres et Paris avaient refusé, mercredi dernier, d'associer l'Iran à une conférence sur la Syrie, comme le propose la Russie, lors d'une réunion internationale sur la crise syrienne à Istanbul. L'Iran ne peut «en aucun cas» être associé à une conférence sur la Syrie, avait déclaré notamment le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. «Ce serait contradictoire avec l'objectif de pression forte sur la Syrie, et cela aurait une interaction sur les discussions sur le nucléaire iranien, ce qui n'est pas souhaitable», dira le chef de la diplomatie française. Ainsi la politique n'est jamais loin des arguments humanitaires invoqués en façade par les puissances occidentales.