Moscou hausse le ton autant quant à la participation à la conférence projetée qu'aux velléités d'intervention militaire. Au total, les violences ont fait 29 morts à travers le pays, essentiellement des civils, au lendemain d'une autre journée sanglante avec 68 victimes, selon, notamment, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh, basé en Grande-Bretagne et unique source d'information sur ce qui se passe en Syrie). C'est dans ce contexte marqué par la confusion que le chef de la diplomatie russe est intervenu hier recadrant le conflit syrien. La ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a ainsi estimé hier que le plan de paix de l'émissaire international pour la Syrie Kofi Annan peinait à être appliqué mais a souligné qu'il n'y avait «pas d'alternative». «J'observe que le plan de Kofi Annan commence à s'enliser. Nous ne pouvons pas admettre cela. Nous ne voyons pas d'alternative à l'application de ce plan», a déclaré M.Lavrov lors d'une conférence de presse. M.Lavrov, ne voit d'autant plus pas d'alternative au plan Annan, qu'il ne manqua pas de réitérer que la Russie, n'autorisera pas au Conseil de sécurité de l'ONU le recours à la force contre la Syrie, qui qualifia ce scénario de «catastrophique». «Nous n'allons pas autoriser au Conseil de sécurité de l'ONU le recours à la force» a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse tenue hier. En fait, alors que «l'opposition» syrienne réclame des «armes sophistiquées» pour faire tomber le régime d'Al Assad, des voies se font de plus en plus entendre qui demandent une résolution autorisant une intervention militaire étrangère en Syrie. Ce qui amena la Russie par la voix de son chef de la diplomatie à réaffirmer son opposition à toute intervention de forces armées contre la Syrie. M.Lavrov a ainsi souligné. «Nous sommes inquiets de la réaction de certains acteurs extérieurs qui soutiennent ouvertement les unités armées et demandent en même temps à la communauté internationale des actes concrets pour changer le régime en Syrie». «Pour la première fois depuis le début de la crise, la question d'une intervention militaire se pose de manière aiguë et émotionnelle», a estimé le ministre russe des Affaires étrangères, qui ajoute immédiatement qu'il s'y opposerait. «Cela entraînerait des conséquences gravissimes pour toute la région du Proche-Orient», a-t-il insisté. La Russie qui a indiqué en maintes occasions qu'elle ne «soutient» pas Bachar Al Assad, fait savoir que Moscou soutiendra «avec joie» le départ du président syrien si les Syriens sont d'accord sur ce point, a encore dit hier Sergueï Lavrov expliquant: «Si les Syriens eux-mêmes tombent d'accord sur ce point, nous ne pourrons que soutenir avec joie une telle solution». Sur un autre point et à propos de la conférence internationale sur la Syrie que la Russie compte organiser, M.Lavrov, est revenu lors de sa conférence de presse d'hier, sur l'éventuelle participation de l'Iran et des réticences de certaines capitales occidentales. Sergueï Lavrov, a estimé qu'il était «irréfléchi» de vouloir exclure l'Iran d'une conférence internationale sur la Syrie proposée par Moscou, alors qu'une telle participation est rejetée par plusieurs capitales occidentales. «L'Iran est l'un des pays qui ont une influence sur le gouvernement syrien. Et dire que l'Iran n'y a pas sa place parce qu'il est une partie du problème est pour le moins irréfléchi», a déclaré le chef de la diplomatie russe. «Nous voudrions qu'il y ait une discussion franche permettant de comprendre s'il est réalisable de se mettre d'accord sur des mesures coordonnées (...) concernant le gouvernement et tous les groupes de l'opposition», a poursuivi le chef de la diplomatie russe. Il a estimé qu'une telle conférence devrait être organisée «le plus vite possible». Paris, Washington et Londres avaient refusé mercredi d'associer l'Iran à une conférence sur la Syrie comme le propose la Russie, lors d'une réunion internationale sur la crise syrienne à Istanbul.