L'extrême discrétion sur le programme des festivités du 5 Juillet reste énigmatique. Les autorités algériennes, d'ordinaire si promptes à évoquer la glorieuse Guerre de Libération, font aujourd'hui profil bas. A quelques jours de la date anniversaire, peu d'éléments ont filtré sur le programme. Les seuls détails sur lesquels les organisateurs veulent bien communiquer ont trait aux «feux d'artifice géants», à la «parade des scouts», à la «baptisation et débaptisation des rues» ainsi qu'aux «opérations d'embellissement des villes». Beaucoup craignent que la dimension historique, politique, identitaire soit ainsi totalement occultée. Le cinquantenaire de l'indépendance représente pourtant l'occasion inespérée de réconcilier les Algériens avec leur histoire, redonner la parole aux acteurs et aux témoins tant qu'ils sont encore en vie, aborder sereinement certains chapitres «noirs» de la guerre et dépasser ainsi les manichéismes. Mais les pouvoirs publics semblent vouloir en faire une fête comme les autres. La ministre de la Culture paraît moins enthousiaste que pour l'organisation du Panaf' ou pour la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011» auxquels on avait accordé d'importants moyens matériels et logistiques et dont les programmes étaient clairement définis. «Le programme de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie sera marqué par une rigueur dans la gestion des ressources humaines et matérielles, un sens de la cohérence, de la création et de l'innovation», avait-elle souligné dans une récente intervention médiatique. Elle avait annoncé, dans la foulée, la tenue d'un colloque, sous la présidence de Slimane Hachi, consacré à la production historique des chercheurs étrangers sur notre lutte de Libération nationale. Cette rencontre se déroulera du 1er au 3 juillet prochain avec la participation de chercheurs de divers continents. «Oui, mais encore ?», serions-nous tentés de questionner. La ministre de la Culture avait certes annoncé l'édition de 900 ouvrages à cette occasion. Mais il y a, pour l'instant, très peu de livres dédiés à la guerre d'indépendance dans les librairies algériennes. Elle avait aussi parlé de 150 projets cinématographiques, alors que les retards enregistrés dans la délivrance de l'agrément par le ministère des Moudjahidine ont failli décourager plus d'un cinéaste. Il se murmure que quelques chefs d'Etat et plusieurs invités de marque ont été conviés à assister à une opérette retraçant les 50 ans d'indépendance, et réalisée par le Libanais Abdelhamid Caracalla, qui sera jouée à la Coupole du complexe olympique Mohamed Boudiaf. Si en France, la commission de préparation des festivités est présidée par l'ancien ambassadeur de France à Alger, Hubert Collin de Verdière, elle est pilotée, du côté algérien, par le Premier ministre pour éviter d'éventuels débordements. De nombreux départements ministériels, dont le ministère de la Défense, celui des Affaires religieuses et celui de l'Intérieur, ont été associés à la préparation de cet événement. Il paraît ainsi évident que les organisateurs ont travaillé à aseptiser les programmes, qui devront s'étaler jusqu'en 2013, et présenter ainsi une histoire qui ne souffre aucune incartade à la version officielle.