La célébration du Cinquantenaire de l'Indépendance fera long feu. Elle durera apparemment le temps d'un feu d'artifice. C'est en tout cas ce que promet le ministère des Moudjahidine aux Algériens. Deux somptueux feux d'artifice! (sic) à l'ouverture officielle de ces festivités. L'un au Théâtre de verdure de Sidi Fredj, le 4 juillet 2012, et un autre au Sanctuaire des martyrs, le 5 juillet 2012. Rien que ça pour l'une des plus grandes révolutions qu'a connues le monde en termes de sacrifices et de durée dans le temps. Rien que ça pour faire retourner dans leurs tombes les martyrs. On est loin des budgets colossaux en centaines de milliards de dinars, et l'incroyable tapage médiatique pour le Festival panafricain et l'Année de la culture islamique à Tlemcen. Khalida Toumi a bien expliqué que le programme culturel marquant la célébration du 50e anniversaire de l'Indépendance à travers les 48 wilayas du pays doit être «rationnel et sans dépenses excessives». Nos dirigeants ont décidé de rester sobres et discrets sur un évènement exceptionnel. Pourquoi donc ce profil bas? Qui a peur de l'indépendance day? Ont-ils obéi à une quelconque injonction? Juste à titre de rappel, l'ex-ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, avait appelé, le 10 janvier dernier à la «modération» pour que la célébration des cinquante ans de l'Indépendance se fasse «dans un esprit de modération en essayant d'éviter les extrémismes de tout bord». Un appel qui intervient au moment où en France les activités foisonnent. Plusieurs dizaines de livres consacrés à la Guerre d'Algérie sont sortis ou réédités depuis le début de l'année. Bien plus, le gouvernement français a nommé, il y a plusieurs mois, l'ancien ambassadeur de France à Alger, Hubert Collin de Verdière, à la tête de la Commission de coordination en France des festivités du cinquantenaire. A croire que c'est une fête qui concerne les Français. Les Algériens n'ont-ils pas le droit de connaître le programme de ces festivités? Pourtant, l'opportunité s'y prête merveilleusement bien pour faire le bilan du chemin parcouru depuis 1962. C'est une opportunité inégalable pour vendre l'image de l'Algérie. Ce pays le plus stable d'Afrique du Nord, ce pays qui a échappé à la vague de l'islamisme, ce pays sans dettes et parmi les plus riches de la planète. Autant d'atouts à présenter au monde. On a tendance à tout brader, à tout sacrifier jusqu'à faire de notre cinquantenaire un simple rendez-vous folklorique. Et du mauvais folklore quand cinquante années après la fin du colonialisme français, le héros Larbi Ben M'hidi doit attendre une autorisation pour que le film retraçant son combat soit autorisé par les ministères de la Culture et des Moudjahidine de son propre pays.