Amnesty International a publié, hier, un rapport faisant état de terribles crimes commis par les forces gouvernementales syriennes et des milices à l'encontre des citoyens syriens. En plus du gouvernement syrien, la Russie, la Chine et la communauté internationale sont accusées de «complicité» ou d'«inaction». Amnesty International hausse le ton envers le régime syrien et la communauté internationale, dans son dernier rapport, publié hier, sur les exécutions extrajudiciaires en Syrie. Ce rapport de 70 pages, intitulé «Deadly Reprisals» (représailles meurtrières), étaie les conclusions d'une enquête sur des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre, perpétrés dans le cadre d'une politique gouvernementale visant à se venger de groupes soupçonnés de soutenir l'opposition et à intimider la population. «Des homicides illégaux, d'actes de torture et de détentions arbitraires, et la destruction gratuite de logements en Syrie montrent à quel point il est urgent que la communauté internationale agisse avec fermeté pour enrayer les attaques de plus en plus fréquentes lancées contre les civils par les forces gouvernementales et des milices agissant en toute impunité», écrit Amnesty International. Et l'ONG ne se contente pas de dénoncer les atteintes aux droits humains commises à l'encontre des citoyens syriens, mais vise sans ambages les gouvernements chinois et russe, en les exhortant à «suspendre immédiatement l'ensemble des transferts d'armes, de munitions, d'équipements militaires, de sécurité et policiers, de formations et de personnels destinés à la Syrie». Elle demande une nouvelle fois au Conseil de sécurité de «saisir le procureur de la Cour pénale internationale du dossier syrien, et d'imposer un embargo visant à bloquer le flux d'armes à destination du gouvernement syrien». Recommandations Et à l'adresse des autorités syriennes, Amnesty International a émis de nombreuses recommandations dans l'objectif de «limiter les violations systématiques qui constituent des crimes contre l'humanité ou des crimes de guerre». Elle engage également le Conseil de sécurité à décréter un gel des avoirs du président Bachar Al Assad et d'autres personnes susceptibles d'avoir ordonné ou perpétré des crimes de droit international. «Depuis plus d'un an, le Conseil de sécurité des Nations unies tergiverse alors que la Syrie est en proie à une crise des droits humains. Il doit désormais sortir de cette impasse et prendre des mesures concrètes afin de mettre un terme à ces violations et d'amener les responsables présumés à rendre des comptes», dénonce Donatella Rovera, principale conseillère d'Amnesty International pour les situations de crise, qui a récemment passé plusieurs semaines à enquêter sur les violations des droits humains perpétrées dans le nord de la Syrie. L'inertie de la communauté internationale devant ce carnage ne peut aucunement être justifiée. Et les victimes, elles-mêmes, subissent ce mutisme à leurs dépens. «Où que j'aille, j'ai rencontré des personnes bouleversées qui m'ont demandé pourquoi le monde regarde sans rien faire», raconte Donatella Rovera. Au bout du compte, l'inaction de la communauté internationale favorise de nouvelles violations. «Face à la détérioration continue de la situation et au nombre de morts parmi les civils, qui augmente chaque jour, la communauté internationale doit agir pour mettre fin à ces violences qui ne cessent de s'aggraver», indiquent les auteurs du rapport. Par ailleurs, Amnesty International avance avoir recueilli, depuis le début des manifestations en faveur de la réforme en février 2011, les noms de plus de 10 000 personnes ayant été tuées dans le cadre de ces troubles. «Ce chiffre pourrait être bien en deçà de la réalité», précise l'ONG.