Rencontré à Oran en marge de la présentation et de l'essai de la nouvelle Suzuki Dezire, M. Achaïbou est revenu sur le marché de l'automobile en Algérie, qui se caractérise ces dernières années par une progression remarquable. -Vous venez de lancer la berline Suzuki Dzire dans un contexte marqué par une progression fulgurante du marché de l'automobile. Quelle est votre analyse du marché de l'automobile en ce premier semestre 2012, en général, et de Elsecom Suzuki en particulier ? Le marché de l'automobile en Algérie connaît effectivement une progression remarquable au 1er semestre 2012 par comparaison avec la même période en 2011. Le volume total des ventes des véhicules particuliers et des véhicules utilitaires, toutes marques confondues, à fin mai, avoisine les 180 150 unités, répartis comme suit : 19 508 micro citadines (segment A), soit 11%, 44 425 citadines (segment B), soit environ 25% et 36 462 petites berlines (segment B+) soit environ 20%. Notre filiale Elsecom automobiles, qui commercialise la marque Suzuki, a enregistré un volume de ventes à fin mai 2012 de 8391 unités, ce qui représente environ 5% de parts de marché et qui classe Suzuki en 8e position sur le podium du top 10. Comme on peut le constater, les segments des micro citadines, des citadines et des petites berlines représentent près de 56% des ventes du marché total. -Quels sont les atouts de cette nouvelle venue et pensez-vous qu'elle pourra détrôner la Renault Symbol, meilleure vente en Algérie depuis plusieurs années ? Les prévisions de ventes totales pour 2012 sont d'environ 350 000 unités. Si la proportion des ventes du segment petites berlines B+ se maintient, nous nous acheminons vers un gisement d'environ 70 000 unités dans lesquelles la Swift Dzire puisera un grand volume. La nouvelle Suzuki Dzire est une berline du segment B+, une catégorie qui enregistre une croissance de 65% par rapport à la même période de 2011. Ses atouts sont nombreux. Les véhicules Suzuki sont classés premiers à l'échelle mondiale en matière de fiabilité technique. La Swift Dzire se place en meilleure position prix par rapport à ses concurrentes qui présenteraient les niveaux d'équipements similaires de confort et de sécurité. -Nous avons constaté la présence pour ce lancement des responsables de la maison mère, Suzuki Japon, et ceux de Marruti Suzuki en Inde aux côtés des responsables des consuls accrédités en Algérie. Cela voudrait-il dire que ces deux pays accordent beaucoup d'importance à l'évolution de la marque Suzuki en Algérie ? La présence à Oran lors du lancement de ce modèle des responsables des maisons Suzuki et Maruti, ainsi que des personnalités diplomatiques accréditées à Alger n'est pas fortuite. Suzuki-Maruti fête cette année le million de véhicules vendus dans le monde et la SPA Elsecom automobiles a vendu depuis sa création 100 000 unités sur le marché algérien. C'est-à-dire que 10% des véhicules produits par Suzuki-Maruti ont été vendus en Algérie. Cette performance devait donc être soulignée et encouragée par les maisons mères et la présence de leurs responsables à Oran est un signe que le niveau de performance est en croissance constante. -Vous avez beaucoup insisté lors de la conférence de presse sur les termes techniques automobiles à détailler à l'adresse de la clientèle. Pensez-vous que les commerciaux, que ce soit au niveau des marques commercialisées par le groupe Elsecom ou ailleurs soient moins formés qu'ils devraient l'être ? Ne pensez-vous pas que les concessionnaires accordent beaucoup plus d'importance au volume des ventes qu'à la qualité du SAV et à la formation ? Les progrès techniques dans le domaine de l'automobile sont nombreux et se caractérisent par un développement de plus en plus rapide. De même, la clientèle algérienne est de plus en plus exigeante, car elle a accès à une information riche et est sollicitée par beaucoup de marques automobiles opérant sur le marché national. Les commerciales et commerciaux composant la force de vente doivent donc apprendre à mieux connaître les produits qu'ils proposent et mieux les vendre en maîtrisant un argumentaire de vente destiné à expliquer à la clientèle les bénéfices et les avantages clients des produits et des équipements qu'ils présentent et jouer pleinement leur rôle de conseillers clientèle. De même, les techniciens automobiles qui interviennent sur les véhicules des clients doivent être rompus aux techniques de diagnostic, de maintenance et de réparation exigés par les constructeurs des véhicules et attendues par les clients qu'on doit rassurer et satisfaire lors des interventions du service après-vente .Le groupe Elsecom, conscient du respect dû à sa clientèle et de sa responsabilité marchande, a érigé un centre de formation multidisciplinaire au sein du siège de l'entreprise. Ce centre, destiné au personnel du siège, des filiales représentant les diverses marques et des réseaux respectifs d'agents agréés, dispense des formations dans tous les métiers de l'automobile C'est dire l'importance qu'accorde le Groupe Elsecom à la professionnalisation de ses personnels. -Quelle est la situation des autres marques du groupe en termes d'évolution sur le marché et ne pensez-vous pas que Ford et Kia sont pénalisés par le problème de disponibilité du produit ? Ces deux grandes marques automobiles se sont forgé après plusieurs années une très bonne réputation auprès de la clientèle algérienne, et ont sensiblement évolué en termes de parts de marché. Ford a enregistré un volume de ventes de 5019 unités en 2011, soit une progression de 56% par rapport à 2010. Cette prestigieuse marque, à travers notre filiale Elsecomotors sera présente avec plus de force puisque les prévisions de ventes pour cette année sont de 8000 unités. Kia, qui n'était pas bien connue au début des années 2000, connaît une progression fulgurante grâce à la fiabilité de ses produits (classée 2e mondiale en matière de fiabilité technique) et à sa présence sur le marché dans les segments d'entrée et les segments premium, notamment. Kia Motors Algérie a enregistré un volume de ventes de 16 359 unités en 2011 et a été classée 7e sur le podium du top 10. Elle prévoit de vendre environ 17 000 unités en 2012. Il est vrai que lorsque des marques aussi prestigieuses que Kia et Ford enregistrent des performances de ventes au niveau mondial, certains modèles connaissent des tensions en matière de disponibilité, car les plus gros marchés absorbent en priorité ces modèles prisés. Le groupe Elsecom, eu égard à la solide réputation qu'il a acquise auprès de ses fournisseurs et des performances en constante évolution sur le marché algérien, travaille actuellement en étroite collaboration avec les constructeurs pour la réduction des délais de livraison et l'amélioration de la disponibilité des produits demandés par notre clientèle. -En prévision de l'évolution constante du marché de l'automobile en Algérie, ne pensez-vous pas qu'il soit aujourd'hui plus qu'urgent que l'Etat se tourne vers l'industrie automobile avec le soutien et le savoir-faire des concessionnaires automobiles ? Beaucoup a été dit et écrit sur l'industrie automobile. Contrairement aux idées que semblent défendre certains, il n'y a pas assez de véhicules en Algérie. 50% du parc automobile est âgé de plus de vingt ans (20 ans) ! L'économie algérienne a besoin de mobilité pour sa croissance. L'Algérie, territoire de plus de 2 millions de km2, a un grand besoin de transporter des personnes et des marchandises. Pour cela, le parc automobile vieillissant doit être constamment renouvelé et des nouvelles infrastructures routières réalisées. La construction automobile en Algérie est possible et nécessaire, pour peu que la volonté politique soit bien exprimée au niveau des Etats partenaires dans une relation gagnant-gagnant. Il va sans dire que l'industrie automobile ne peut fonctionner sans un tissu industriel étendu et performant (les équipementiers) et le choix des sites d'implantation doit tenir compte de l'existence des infrastructures économiques de base et de la disponibilité d'un réservoir de main-d'œuvre locale spécialisée.