Belle affiche à la 78e cérémonie des Oscars dimanche soir à Los Angeles. La vitrine d'Hollywood a défilé dans une joyeuse fête. L'édition 2006 des Oscars paraissait (sur les écrans de télévision) plus réussie que les remises de prix de certains festivals souvent caractérisés par un chaos ambiant. Sur le plan de l'organisation, les Américains ont fait preuve de professionnalisme. Et une certaine rigueur a, semble-t-il, marqué aussi le choix des jurys des Oscars. Si l'on en croit les échos de certains confrères américains qui ont pu voir tous les films, il n'y a certes pas de grands chefs-d'œuvre récompensés ni de films banals ou absolument médiocres. Au milieu des vivas et des éloges d'une assistance tirée à quatre épingles, on a pu voir (au milieu de la nuit sur CNN), dans cette cérémonie qui a brillé de mille feux, les heureux gagnants monter sur le podium pour recevoir les fameuses statuettes dorées. Paul Haggis a reçu celle du meilleur film pour Crash (Collision) sur les émeutes raciales de Los Angeles. Auteur de ce qui est connu maintenant comme le « western gay » : Broken Mounta, Lion d'or à la Mostra, de Venise 2005, le cinéaste sino-canadien Ang Lee a été élu Best Director, et son film rafle aussi les prix du meilleur scénario et de la meilleure musique. Le grand réalisateur Altman a reçu l'Oscar d'honneur pour sa longue carrière, tandis que George Clooney (Syriana) s'est contenté de celui du meilleur second rôle. Alors que l'actrice Reese Whitespoon décrochait l'Oscar féminin, l'Oscar du meilleur rôle masculin est allé à Philipe Seymour Hoffman qui interprète le rôle de l'écrivain Truman Capote dans un film intitulé simplement Capote. Venu de Johannesburg, le film sud-africain Sootsie a remporté le prix du meilleur film étranger alors que le film palestinien (Paradise) était donné comme favori. Qu'on aime ou pas le cinéma américain, la machine Hollywood a bien fonctionné. Les producteurs interrogés sur CNN paraissaient contents. Les exploitants aussi. Les colonnes de chiffres des recettes s'allongent. On oublie le temps d'une soirée les autres cinéastes (indépendants) qui travaillent en dehors du « système ». Mais qui réussissent malgré tout à avoir une part du marché, notamment en réalisant des alliances entre eux. Il y a encore un certain nombre de cinéastes américains qui travaillent loin de Los Angeles et qui ne succombent pas aux sirènes d'Hollywood. Apparemment, ce n'est pas le seul et unique amour du dollar qui guide les plus brillants d'entre eux.