Deux décennies dans la politique locale dans le milieu des hommes n'ont apparemment pas eu de prise sur Menadjlia El Hedba cadre dans la Fonction publique. Elle était vice-présidente chargée de la culture durant le précédent collège communal. Ce 8 mars, celle qui occupe depuis quelques mois la direction du Palais de la culture et des arts, Mohamed Boudiaf, lance d'autres initiatives à destination des femmes. Percutante, lucide, dure ou nostalgique, elle élabore des programmes qui rythment ses activités quotidiennes. Entraînée au fil des années à organiser des manifestations culturelles, celle qui a créé le Festival international d'Hippone (tombé en désuétude), qui stimula les éditions de différentes revues et livres traitant de l'histoire, de musiques et de chansons, des us et traditions de Annaba, s'est remise en chantier. Au-delà de cette frénésie de vraie vie qui la pousse à engranger des actions, à multiplier les manifestations, de sa volonté à construire dans la durée l'activité culturelle à Annaba, El Hedba Menadjlia reconnaît que des rencontres avec des hommes et des femmes de culture, d'ici et d'ailleurs, ont été déterminantes dans l'évolution de sa carrière. Les nombreuses publications avec lesquelles elle n'a cessé de collaborer dont celles de H'sen Derdour et Dahmani, les distinctions dont elle a fait l'objet n'ont en rien entamé sa vision initiale d'une culture locale qu'elle a toujours tenu à promouvoir. A ceux qui l'interroge sur la fringale qui l'anime constamment, elle répond inlassablement : « Au-delà de ma responsabilité d'élue que j'occupais durant l'ancien mandat et de ma qualité de cadre de la wilaya, l'essentiel pour moi était de croire en ce que je faisais, d'avoir quelque chose à dire ou à faire pour la culture des hommes et des femmes qui la composent. » De retour sur la scène culturelle locale après une brève éclipse imposée, contre vents et marées, contre modes et courants idéologiques, elle persiste à croire en la richesse de cette culture. Son discours détaché, son regard parfois imperturbable cachent tout simplement le recul d'une femme qui a plus de 20 ans de métier d'organisatrice. Une femme qui a parfois le sentiment de voir la culture se rétrécir par manque de moyens et du peu d'intéressement que lui accordent les décideurs. « La culture est doublement menacée aujourd'hui par les intellectuels qui ne lui accordent pas l'attention requise préférant se confiner dans leur égocentrisme et par le refus des responsables de mettre à la disposition des hommes et des femmes de culture le nécessaire à l'expression de leur talent », dit-elle comme pour imager une scène culturelle locale en hibernation. Cette Annabie d'adoption ne s'est pas arrêtée au domaine culturel. Elle veut faire de ce 8 mars 2006, Journée mondiale de la femme, une source d'inspiration pour relancer les débats sur l'évolution de la place de la femme dans la société algérienne, ses interventions dans la cité et le travail. C'est dire que Mlle Menadjlia tente de briser les caricatures entourant les aspirations et les évolutions du sexe faible dans la société. En collaboration avec la direction de la culture de Annaba, elle veut faire de cet événement une étape pour dresser un état des lieux des acquis obtenus par les femmes et analyser la situation actuelle de la femme en milieu urbain et rural.