Le président Bouteflika a prononcé, ce jeudi 8 mars, un discours à l'hôtel El Aurassi, à Alger, devant un parterre de femmes issues de divers horizons. Moudjahidate, parlementaires, enseignantes, artistes, journalistes et membres de la société civile ont pris part à cette cérémonie organisée par le département de Mme Nouara Saâdia Djaâfar, ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition féminine, et placé sous le haut patronage du chef de l'Etat qui a offert, à l'occasion de la Journée internationale de la femme, un déjeuner en l'honneur de toutes les femmes présentes. Le premier magistrat du pays n'est pas sorti, cette fois-ci, du cadre conventionnel de la lecture du discours écrit. Avant d'honorer seize femmes (trois martyres, à titre posthume, femmes d'affaires, journalistes, écrivains et cadres du secteur de l'éducation), la parole a été donnée au ministre des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbas, afin de lire à l'assistance un communiqué de la présidence de la République portant décret présidentiel relatif à la réduction de douze mois des peines d'emprisonnement pour toutes les femmes détenues et jugées définitivement. Dans son discours, le premier magistrat du pays a invité les femmes à une réflexion en profondeur sur les mutations qui ont affecté le statut et le rôle de la femme dans notre pays depuis notre indépendance. Qu'il s'agisse de la santé, de l'instruction, du travail, de la politique, des médias et de la culture, des pas de géant, dira le Président, ont été accomplis avec un très large consensus des composantes de notre peuple. Le Président a incité, en outre, les femmes à créer des entreprises, tout en affirmant que les institutions de l'Etat, notamment celles chargées du microcrédit, doivent encourager les initiatives d'Algériennes. « L'insertion des femmes dans le monde du travail ne doit plus se satisfaire des résultats remarquables obtenus dans le domaine de la Fonction publique qualifiée. Les Algériennes doivent également s'inscrire dans l'économie moderne qui est celle de l'entreprise performante et du savoir efficient », a expliqué le président de la République qui précisera dans le détail qu'il ne s'agit plus de mesurer la participation des femmes en nombre d'enseignantes ou de médecins, mais en nombre d'entrepreneuses produisant du surplus, de la richesse pour leur bien, le bien de leur famille et celui de notre pays. S'appuyant sur des chiffres, le premier magistrat du pays soutiendra que les femmes sont encore minoritaires dans le monde du travail. Elles ne représentent, en effet, que 15% environ de la population occupée, mais leur nombre ne cesse de croître à un rythme supérieur à celui des hommes. La population occupée féminine s'est en effet accrue de 7,4% au cours de la période 2001-2005, passant de 884 000 à 1,2 million. Cet accroissement est supérieur à celui des hommes qui est de 6,5%. Les projections à l'horizon 2020 indiquent que la population active augmentera de 3% avec un taux de 2,5% pour les hommes et 4,95% pour les femmes. L'orateur rappellera que les premières fonctions féminisées touchaient en priorité les domaines de l'éducation et de la médecine, toutefois, le processus a rapidement atteint des fonctions considérées comme éminemment masculines, à l'instar de la magistrature où les femmes constituent plus d'un tiers des effectifs, ou la police nationale qui, en quelques années, a recruté plusieurs milliers de femmes, tandis que les premières femmes walis, ambassadrices et même candidates à la présidence de la République faisaient leur apparition. « Cette transformation des rôles féminins a eu nécessairement des répercussions sur le statut juridique des femmes, consacrant leur plus grande autonomie et un rééquilibrage des responsabilités de l'homme et de la femme au sein de la famille dans le respect des valeurs fondamentales de l'Islam », a soutenu M. Bouteflika. Le premier magistrat du pays a avoué, par ailleurs, que dans les zones rurales et le vaste Sahara, la femme a toujours travaillé en silence et dans la dignité, dans des conditions souvent pénibles. Pour cela, affirmera le président de la République, il est impérieux de donner la priorité dans le programme global de développement à la lutte en milieu rural contre l'analphabétisme qui touche encore environ un tiers des femmes des campagnes. En somme, dira le Président, c'est l'image de l'Algérie de demain qui est en train de se préciser « sous nos yeux et qui, mieux que la femme algérienne, peut lui apporter la grâce et l'harmonie que nous lui souhaiterons ».