Avec trois fois rien, on peut modifier le quotidien, briser la monotonie et entrer de plain-pied dans le XXIe siècle. C'est ce qu'a fait, mardi dernier, la mosquée El Forqane de Chebli (Blida). Avec un ordinateur portable, quelques fils, un data-show et un drap tendu entre les deux piliers du mihrab, en guise d'écran, elle a permis à son imam, en voyage aux Etats-Unis d'Amérique, de ne pas rater son rendez-vous hebdomadaire et de retrouver ainsi ses habitués. En effet, depuis son installation à Chebli il y a quelques années, Moussa Azzouni, ce jeune imam atypique, a instauré une habitude dans la vie des Cheblaouis : chaque mardi, entre la prière du maghreb et celle de l'icha, une «rencontre» avec la population est organisée, où le social, le culturel et le religieux sont visités avec humour. M. Azzouni a, pendant treize ans, répandu la parole divine aux USA. Certains parlent, en ce qui le concerne, d'Islam modéré ; y a-t-il un Islam modéré et un Islam qui l'est moins ? L'Islam est un, seules changent les méthodes qu'utilisent ceux qui le prônent. Et celle que suit cet imam rapproche le musulman de Dieu et de la religion, sans détours et sans trop de contraintes. N'ayant pas coupé définitivement les liens avec les Etats-Unis, cheikh Moussa, comme il se fait appeler ici, s'y rend régulièrement. La semaine dernière, étant là-bas, il a tenu à «rencontrer» par skype les habitués de la mosquée El Forqane. Un moment unique : les gens regardaient l'écran comme le faisaient, incrédules, leurs aînés, en 1969, lors de la conquête de la lune. Certains semblaient surpris de voir cet «attirail de la technologie» occuper cet «espace réservé à la prière». D'autres, pour qui la religion et la science sont parallèles, ne cachaient pas leur joie d'assister à cette «réconciliation». La communication a duré une heure. Pendant les soixante minutes, l'imam les a invités à méditer sur leur relation avec leur religion. Il n'a pas laissé passer sous silence le décès de Roger Garaudy, l'Orientaliste, devenu musulman et «qui a servi la religion plus que la majorité de ceux qui l'ont héritée de leurs parents». Un exemple à suivre : la mosquée doit suivre le mouvement, se mettre à jour et utiliser tous les moyens que la technologie met à sa disposition pour jouer son rôle de vecteur d'éducation, d'enseignement, d'information et de formation.