Ayant vu le jour en 1997, l'association SOS Bab El Oued tente, avec les moyens dont elle dispose, d'être utile à la cité de Bab El Oued, et ce, en arrachant la frange juvénile de la léthargie dans laquelle elle se morfond. Depuis, elle œuvre, grâce à une «poignée» de volontaires, à créer un espace d'expression aux jeunes en les initiant aux activités artistiques : la musique, le théâtre et le court métrage. Dire que pour une aussi grande commune en termes d'habitants, Bab El Oued ne possède pas d'infrastructures culturelles de proximité à même de canaliser les énergies juvéniles, voire constituer une bouée de sauvetage pour certains enfants. A peine une ou deux salles permettant à quelques enfants de pratiquer quelques activités artistiques. Pourtant, «les talents ne manquent pas, sauf qu'ils demeurent à l'état latent», dira Nacer Meghenni, président de l'association, soulignant que SOS Bab El Oued dérange certaines gens. «Nous sommes une structure qui se maintient grâce aussi aux projets d'écriture soumis dans le cadre du programme Meda.» L'opportunité de s'affirmer a été donnée donc, pour la première fois à un groupe de jeunes de Bab El Oued de porter leur étendard, à travers un projet euro-méditerranéen qui se résume dans un spectacle théâtral Ulysse à l'ombre de l'olivier. Une aventure artistique proposée par la compagnie Théâtre du bout du monde, à laquelle sont venues se greffer des troupes du bassin méditerranéen dont la troupe SOS Bab El Oued. Cette louable action de partenariat culturel commune, née d'un projet de citoyenneté active et de proximité, a permis la rencontre des jeunes des pays des deux rives de la Méditerranée pour présenter une fresque sur les planches du théâtre des Amandiers à Nanterre et à la Maison des pratiques artistiques amateurs de Paris. Le but est de «magnifier les richesses immatérielles propres à chaque pays en les plaçant au cœur des échanges interculturels». Aux côtés des créations grecque, tunisienne et française, huit jeunes comédiens de la cité populaire et populeuse de Bab El Oued se sont illustrés en interprétant une œuvre théâtrale Aich wa khali Nass teeche, mise en scène par Djamel Guermi dont les maîtres-mots du spectacle ont été le partage, le dialogue, la tolérance et la quête d'une nouvelle société. C'est une évidence de dire que «la culture ne s'hérite pas, elle se conquiert», pour reprendre la citation d'André Malraux. Il suffit juste de déceler et de valoriser les potentialités artistiques qui sommeillent chez l'enfant, notamment celui des cités plébéiennes.